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Aristée
22 avril 2007

FATALITE (suite 2)

 - Je crois mon vieux qu’il y a une solution toute simple, pour savoir ce qu’il en est.

 - Ah ? Et laquelle ?

 - Tu attaques bille en tète . Tu dis à Roxane nos soupçons à son sujet, et tu verras bien sa réaction.

 - Je ne la soupçonne pas, moi !!!Je suis certain qu’elle n’a rien à voir avec cette histoire de terroriste.

 - Bon. Alors, il y a une autre solution. C’est moi qui vais attaquer bille en tête Béatrice. Cette solution est d’ailleurs la meilleure. Béatrice est certainement plus influençable, moins sure d’elle-même. Je saurais vite ce qu’il en est est !

 - Toi, tu fais ce que tu veux. Mais si, tu passes pour un crétin, pour avoir douté de ces jeunes filles, rappelle toi que je t’avais mis en garde.

 - Tu peux être tranquille. Si je fais une erreur, je n’irais pas pleurer dans ton giron. Je te dirais bien mieux : Je serais très heureux de m’être trompé !

Le soir même, Pierre téléphonait à Béatrice, et après avoir discuté de choses et d’autres durant plus d’un quart d’heure, il avait été entendu qu’ils se rencontreraient le lendemain à 14 heures, à l’entrée du parc la plus proche du portail du Lycée, pour poursuivre leur conversation.

 Lorsqu’ils se rencontrèrent, Pierre constata que Béatrice avait une bien petite mine.

- Vous semblez un peu fatiguée,Béatrice. Pas de problème particulier ?

Béatrice laissa s’écouler un bon moment avant de répondre :

- Ce n’est pas très grave, mais je viens d’avoir une discussion avec ma sœur.

Par discrétion, Pierre ne lui demanda pas le sujet de leur discussion, et ils bavardèrent de choses et d’autres jusqu’à ce que Béatrice demande :

- Savez vous si l’enquète au sujet du..jeune terroriste a avancé ?

- Ma foi, personnellement je ne suis pas tenu au courant. Je crois qu’il est à peu prés établi que la victime faisait partie d’un mouvement intégriste dont le noyau se trouve à Porte les Valence.

A ce moment là, Béatrice éclata en sanglots, et très géné, Pierre ne savait comment la calmer. Finalement, un peu au hasard, il lui demanda

 - Vous avez été très touchée par le décés de ce jeune homme. Peut être le connaissiez vous ?

 Les sanglots de la jeune fille redoublèrent, et elle finit par faire « oui » de la tête.

- Je comprends mieux que vous ayez été si touchée par son décés.Vous le connaissiez vraiment bien ?

Béatrice craqua complètement :

- Je n’en peux plus ! Je me sens seule, seule…..et je me suis disputée avec ma sœur tout à l’heure..Je peux avoir confiance en vous ?

- Bien sur, Béatrice, je suis votre ami. Si je peux faire quelque chose pour vous dites le !

- Ma sœur et moi, nous sommes Berbères. Cela ne se voit pas à notre physionomie, mais nous sommes Berbères, et nous avons été élevées dans la religion musulmane. Mon père est profondément religieux et militant ardent….Il se bat actuellement en Afghanistan ..

- Tout cela, je le savais, dit Pierre.Mais vous n’êtes pas responsable des idées et des actes de votre père. ……A moins que vous ne partagiez ses opinions.. ;

- Oh, moi , non. Je ne partage pas et je désapprouve même tous ces extrémistes qui sèment la mort un peu partout.

Mais par la force des choses, nous avons été en contact avec un groupe de ces illuminés, et c’est là que j’ai fait la connaisance de Ali Idir, ce jeune qui s’est tué devant nous.Lui non plus n’était des leurs que par contrainte. Nous en discutions très souvent, mais vous savez, lorsque l’on est dans cette mouvance, il est pratiquement imposssible d’en sortir.

 Moi, je vous l’ai dit, je n’aime pas ce mouvement. En revanche, ma sœur Roxane épouse entièrement

la Cause

que défend mon père.

 Je viens de vous dire des choses très graves, Pierre. J’espère que je peux vraiment avoir confiance en vous pour que vous n’en parliez à personne.

- Vous savez que je suis très lié avec Luc. Nous n’avons pas de secret l’un pour l’autre. Pourtant, je vous le promets, même à Luc, je ne parlerai pas de ce que vous venez de me dire. Quoiqu’il sache déjà pas mal de choses.

- Comme je vous l’ai dit, j’ai eu une sérieuse dispute avec ma sœur. Il avait été décidé que nous irions toutes les deux en Afghanistan. Après la mort d’Ali, j’ai décidé de ne pas donner suite à ce projet, auquel je n’avais adhéré que parce que ma sœur le voulais.

-  Voilà. Elle part la semaine prochaine, mais, moi, je resterai ici, et je ne veux plus rien à voir avec les islamistes. Je ne vous cache pas que nous sommes intervenues plusieurs fois. Les fonds transitaient par nous, mais pour moi, c’est fini, et c’est ce que j’ai dit à Roxane. C’est ma sœur, je l’aime, mais je ne peux plus la suivre. Oh, Pierre, je suis très malheureuse. Ce que je vous demande, c’est de ne pas intervenir. Ma sœur doit suivre son destin. Je vous le demande à nouveau : Ne parlez à personne de tout cela.

-  - Je vous ai fait une promesse, Béatrice, et je m’y tiendrais.Mais je vous le demande : Voyez vous-même Luc. Parlez lui comme vous l’avez fait avec moi. Je suis certain qu’il n’en parlera à personne. Mais je crois qu’il est très attaché à Roxane, et si quelqu’un peut la faire changer d’avis, ce ne peut être que lui.

 Béatrice promit de réfléchir à la question, et les jeunes gens se séparèrent, après avoir pris rendez vous au même endroit, pour le surlendemain.

 Il fut difficile pour Pierre, de ne pas parler à Luc de la conversation qu’il avait eu, et de lui cacher que la jeune fille, à laquelle il était attaché, allait partir jouer au petit soldat en Afghanistan

 Lorsque Pierre et Béatrice se revirent, cette dernière dit qu’elle avait pris la décision de ne pas revoir Luc. Elle ne voulait pas que sa sœur parte en sachant qu’elle s’était confiée à un tiers. Elle préférait laisser les choses suivre leur cours. Ce fatalisme était difficile à comprendre pour Pierre, mais fidèle à sa promesse, il continua à ne rien dire à son ami.

 Presque chaque jour, Luc et Roxane se voyaient. «  en amis », mais il est évident que Luc était de plus en plus attaché. Aussi, lorsqu’il apprit par Roxane qu’elle était partie en Afghanistan, ce fut un effondrement.

 Pierre, qui savait la date du départ, vint trouver son ami juste après.

 Lorsqu’il sut que Pierre était au courant et ne lui avait rien dit, Luc entra dans une rage folle, et le traita de tous les noms au vitriol qui lui venaient à l’esprit.

 Ce jour là, et pour la première fois de leurs vies, ils se quittèrent fachés.
( A suivre)
http://abeilles.apiculture.free.fr/

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