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Aristée

1 juillet 2007

PENSEES D'UNE ABEILLE

 LES PENSEES D’UNE ABEILLE

 

 Lorsque je réfléchis, je trouve que j’ai eu beaucoup de chance.

 D’abord ; je m’appelle 100.111. Avouez que c’est une chance ! Mon nom est facile à retenir. Remarquez, mon vrai nom est Maya 100.111. Mais comme maya est le nom de toute la famille, on m’appelle simplement 100.111. Notre système est simple. Mère s’appelle 1, et tout les six mois on repart à 2 pour donner un nom en fonction de l’ordre de naissance. Lorsque l’on est à l’état d’œuf et à l’état larvaire, on n’a pas de nom. Ce qui compte, c’est le moment ou l’on sort de l’alvéole.

 Normalement, on est seule à porter un numéro. Mais il peut arriver, à la sortie de l’hiver, que des abeilles vivent plus de 6 mois. Alors il peut y avoir deux abeilles qui portent les mêmes premiers numéros. Moi, avec mon numéro assez élevé, je sais que cela n’arrivera pas.

 Oui je suis heureuse d’être ce que je suis.

 D’accord, étant née en mai, je vivrai moins longtemps que la reine ou que ces gros lourdeaux de faux bourdons.

 Mère va vivre  peut être 1200 jours ou encore plus. Mais vous vous rendez compte d’une vie !!!. D’abord, elle va du début à la fin, toujours manger la même chose. La gelée royale. Et ce n’est même pas très bon. Un jour, j’ai voulu en goûter dans une cellule ou une larve venait d’éclore. Pouah ! Et puis durant toute sa vie, elle ne va faire qu’une chose. Elle va pondre, pondre pondre, jours et nuits. Elle ne va faire que ça..

 Non, vraiment, je ne regrette pas de n’être pas Mère.

 Et les mâles ? Ces gros goinfres, incapables de se nourrir tout seuls. On les tolère parce que quelques une servent à la reproduction de l’espèce, m’a-t-on dit. Mais lorsqu’ils ont mis leur semence dans une mère, ils meurent aussitôt. Pas drôle. Et tous les autres, on les fiche en dehors de la ruche et on s’arrête de les nourrir. Ils meurent de froid, de faim et ils n’ont même pas la consolation de se dire qu’ils ont servi à quelque chose.

 Non. Je n’aurais pas aimé être un mâle !!!!

 Moi j’ai une vie agréable.

 Mes souvenirs remontent au moment ou je n’étais encore qu’une larve. Ce devait être à la fin de ce stade, trois ou quatre jours à peu prés avant ma naissance. Je me souviens très bien avoir vu pousser la fin de mes ailes et de mes pattes. C’était amusant. Je trouvais que je changeais très vite. Et pourtant, je ne faisais aucun effort.

 En revanche, j’ai un très mauvais souvenir de ma naissance. Il a fallu que j’en fasse des efforts pour sortir de ma cellule. J’ai du d’abord percer l’opercule qui m’enfermait ; puis, patiemment, il a fallu que j’agrandisse le trou. Lorsque le trou a été assez grand, j’ai dû faire une sacrée gymnastique pour sortir complètement de l’alvéole. J’avais froid. Mes ailes restaient collées sur mon corps. Vous croyez que les frangines seraient venues me donner un coup de main ? Rien. Pas même un regard en passant à cote de moi ! Il a fallu que je me débrouille toute seule. Lorsque tout a été en état de marche, les ailes libres, bien sèche sur tout le corps, j’étais complètement crevée. Je suis restée 2 jours à ne rien faire, sinon à réparer mes forces. Quand j’ai eu deux jours, les frangines sont venues me dire de commencer à travailler. C’est là, qu’elles ont commencé à s’occuper de moi. J’étais devenue intéressante, je pouvais servir. C’est à ce moment là que l’on m’a dit mon nom. C’est vrai, quand même !! 100.111, j’ai eu de la veine. Vous vous rendez compte? Si j’avais été un peu moins rapide, pour sortir de l’alvéole, je pouvais être appelée 100.894 par exemple. Pas facile à retenir.

 On m’a demandé d’abord de faire des corvées de casernement. J’ai nettoyé les cellules qui venaient d’être libérées par les nouvelles naissances. Remarquez, je ne sais pas pourquoi on appelle ça des corvées. Moi, je trouvais ça intéressant. J’arrivais devant une cellule, pleine de déchets de cire et de l’enveloppe d’une larve, et lorsque j’avais fini mon travail, la cellule était propre, brillante….Oui, c’était agréable.

 Après j’ai été affectée aux cuisines. Je préparais la bouillie larvaire. Du miel, du pollen de l’eau, il ne fallait pas se tromper dans le dosage. Mais on prenait rapidement le coup, et je trouvais cette activité amusante.

 Et puis, j’ai senti quelque chose qui grossissait dans ma tête. On m’a dit que j’était grande maintenant ( quoique ma taille soit toujours la même depuis ma naissance et qu’aujourd’hui encore, elle est toujours la même) et que j’allais produire de la gelée royale. Je me souviens que je trouvais ça formidable. J’allais moi, produire quelque chose, et cette chose était indispensable pour que vive Mère, et donc toute la famille.

 J’ai aussi un bon souvenir de cette période. Ce n’était pas très fatigant, la gelée royale venait toute seule. J’ai donnais directement à la reine et d’autres fois, j’allais en mettre dans les cellules ou une larve venait d’éclore.

 Et puis un jour, je me suis aperçu de deux choses à la fois. Ma tête devenait moins lourde, et je produisais moins de gelée royale. En revanche, entre les anneaux de mon abdomen, de fines feuilles de cire apparaissaient. Je devenais cirière. Cette période aussi a été merveilleuse. Vous vous rendez compte. Je devenais architecte. Je construisais des cellules. Il fallait qu’elles soient toutes identiques. Les cotés ( il y en a six) sont faciles à construire, en revanche il fallait sacrément s’appliquer pour faire les fonds, constitués de trois triangles qui devaient faire des angles très précis avec la verticale. Heureusement, nous sommes très douées pour ce travail, et je me demande même comment nous y arrivons. Ca tient du miracle !!

 Depuis ma naissance, jusqu’à aujourd’hui, je n’étais pas sortie de la ruche. Je me déplaçais dans la maison avec mes pattes, je ne m’étais jamais servi de mes ailes.

 Indépendamment des activités dont je vous ai parlé, j’ai été appelée à faire bien d’autres choses ? Transformer le nectar en miel en régurgitant plusieurs fois le nectar et en ventilant pour chasser l’eau en trop. Oui, j’en ai fait des choses…..

 Ce matin, il fait un temps magnifique. Quand il a fait un peu chaud, je suis sortie pour faire mon vol de repérage. Il fallait que je situe bien l’emplacement de la maison, car j’étais appelée à partir à plusieurs kilomètres, et si au retour, je n’avais pas retrouvé mon logis, que serais je devenue ? J’étais fichue. Impossible de vivre toute seule. Alors j’ai bien pris mes repères, et je suis partie faire ma première quête de nectar. Et si j’ai bien aimé tout ce que j’ai fait jusque là, c’est ça que je préfère. Le butinage. On vole librement dans les airs, à la hauteur que l’on veut. C’est énivrant, Avant de partir de la maison, des copines spécialisées ( nous les appelons les éclaireuses,  nous avaient dit dans quelle direction et à quelle distance nous trouverions des champs de fleurs. Elles sont fortes ces copines, car juste à l’endroit indiqué, j’ai trouvé plein de fleurs. Il suffisait de se poser sur une fleur, de plonger la tête vers le fond, et avec notre langue en forme de trompe, on aspirait un liquide sucré. On le stockait, mais on ne pouvait pas s’empêcher dans avaler un peu pour nous . Un délice..

 J’ai fini mon premier voyage. J’ai déposé mon nectar dans une alvéole, de jeunes sœurs vont l’absorber et le régurgiter plusieurs fois pour en faire du miel, et moi, je suis vite repartie pour mon deuxième voyage.

 J’ai vraiment une vie merveilleuse. Je vais faire ça encore très longtemps 20 jours, peut être même trente jours. Je suis heureuse.

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13 juin 2007

EPOUX RIPOUS

 PERSONNAGES

 LUC VIDAL 45 ans, genre nouveau riche

 JEANNE VIDAL45 ans sa femme

 ANNA BORI 40 ans

 ROBERT BORI 45 ans mari d’Anne

 BOB 10 ans, fils d’Anna et Robert

 L’Agent immobilier

 

 

 Le rideau se lève sur une dépendance de ferme.

 Sur la gauche, des ballots de paille. Un peu partout, disséminés sur le sol, une brouette, deux grosses cuves de vin, des harnachements de chevaux, une bicyclette retournée les roues en l’air. Au fond à droite dans un encadrement de porte de dimensions normales, une vieille porte en bois qui vient à mi hauteur.

 Lorsque le rideau est levé, Une femme entre par la demie porte, et vient à l’avant scène sur la gauche ;

 JEANNE

 La pièce que nous allons avoir le plaisir de jouer devant vous, a été écrite par Aristée. Moi, je suis Jeanne, la compagne de Luc.

 Entre alors par la demie porte, un homme d’une quarantaine d’année. Il vient se placer à la gauche de Jeanne

 LUC

 Cela se passe en France, à notre époque. Moi, je suis Luc, le compagnon de Jeanne

  Entre à son tour, Robert, à peu prés du même age. Il vient se mettre à gauche de Luc.

ROBERT

 La tête tournée vers Luc

 Tu as oublié de dire ou nous sommes exactement. (Refaisant face au public)Nous nous trouvons dans un tout petit village du Vaucluse, à coté d’Orange.. Moi, ROBERT ,  je suis le mari de Anna

 Toujours par la demie porte, entre une jeune femme plus jeune, qui vient à la gauche de Luc

 ANNA

 Pour l’instant, l’endroit ou nous nous trouvons est en vente. Je pense que vous l’avez deviné, je suis la femme de Robert. Je m’appelle Anna. Je suis une amie d’enfance de Luc

 Entre un garçonnet d’une dizaine d’annèes  Bob

 BOB

 Je ne sais pas si ça va vous plaire. Mais moi, ça me botte de jouer la comédie. Je suis Bob, le fils de Anna, et….un petit peu , de Robert

 ROBERT

 Comment ça : « un petit peu » ?

 BOB

 Ben, moi, j’en sais rien . Bon. Je suis le fils de Robert, si vous voulez. D’ailleurs, il est chouette !

 ROBERT ( au public )

 Il et curieux ce gamin ! Enfin, il n’a pas tout à fait tort.

 Entre un homme qui vient se placer à gauche de Bob, au bout de la rangée.

 L’HOMME

 Moi, mon rôle est de vendre cette petite propriété. Comme je suis un très bon vendeur, mon rôle sera très court. Pas la peine de vous dire mon nom. Je suis l’agent immobilier. L’auteur gentiment pour allonger mon texte, ma demandé de vous dire de patienter quelques secondes. La pièce va commencer.

 Le rideau tombe, le temps que les acteurs évacuent la scène.

 Lorsque le rideau se relève, la scène est vide.

 La demie porte s’ouvre et entrent l’Agent immobilier, Jeanne et Luc.

 L’AGENT IMMOBILIER

 Et voici une petite dépendance. Vous constaterez qu’elle est bâtie en pierre et peut offrir de multiples possibilités. Par exemple, si vous le désirez, vous pouvez installer une unité de logement indépendante pour des amis….

 JEANNE

 Ah, non !!!Pas question. Si j’ai bien compris, dans la maison il y a déjà 4 chambres, c’est bien suffisant. Lorsqu’il y a trop de possibilités de logement, toute la famille, les amis, enfin, tous les pique assiettes se précipitent chez vous

 L’AGENT IMMOBILIER très accommodant

 Oh, ça, Madame, vous n’avez pas tout à fait tort. Lorsqu’il y a trop de chambres, c’est fou ce que les gens viennent pour les remplir. Ce doit être naturel sans doute : La peur du vide ( il rit  à ce qu’il croit être un bon mot)

 Oui…bon. En tous cas, à défaut de chambre vous pourriez faire là un petit salon d’été par exemple. Et surtout, ne perdez pas de vue, que ce bâtiment, c’est pratiquement un cadeau. Le prix que je vous ai demandé, est le prix de la maison. Ce bâtiment c’est pour vous du bonus ;;

 LUC

 Le prix que vous demandez pour la maison n’est pas un cadeau, et si cette masure est un cadeau, c’est un cadeau bonux, cela n’a aucune valeur. Que voulez vous que je fasse de cette écurie

( A suivre)
http://abeilles.apiculture.free.fr/

13 juin 2007

EPOUX RIPOUS suite 1)

 L’AGENT IMMOBILIER

 Permettez , permettez, ce n’est pas une écurie. C’est une dépendance, et vous pouvez fort bien, Madame aura l’imagination nécessaire, en faire un séjour très plaisant

 LUC

 Ouais ! Il faudrait beaucoup , beaucoup d’imagination

 JEANNE

 Mais Luc, puisque le Monsieur dit que c’est un cadeau. La maison me plait bien, et puisque l’on ne payera pas, ce n’est pas grave si ce bâtiment ne te plait pas. On le fera démolir, et c’est tout

 LUC

 Ma pauvre Jeanne, tu crois que ce bâtiment est gratuit ? Mais il est compris dans le prix total et crois moi, ce prix est bien supérieur  à celui d’une maison analogue dans la région... Non, décidemment vous êtes trop cher.

 L’AGENT IMMOBILIER

 Vous devriez bien réfléchir, Monsieur et réfléchir très vite, car je ne l’aurai pas longtemps à la vente. Je vous assure que c’est une affaire. Vous vous rendez compte : tous les bâtiments sont en pierres,. La maison est habitable presque immédiatement : un coup de peinture sur les murs, et c’est tout. Vous avez 3.500m.2 de terrain, une source et un puits. Cherchez, cherchez dans la région vous ne trouverez pas une affaire comparable

 LUC

 Bien sur, vous faites valoir la marchandise, mais c’est cher. Si vous voulez que nous arrivions à un accord, il faudra revoir le prix.

 L’AGENT IMMOBILIER

 Ecoutez, je vais vous parler franchement. Si j’avais les moyens, je ne chercherais pas d’acheteur. C’est moi qui l’achéterais, et après quelques menus travaux, je la revendrais avec 50% de bénéfices

 LUC

 Si vous l’achetiez, vous ne l’achéteriez pas à ce prix. Non, vraiment..

 JEANNE le coupant

 Luc, souviens toi des deux maisons que l’on nous a fait visiter hier, les prix étaient à peu prés comparables, mais les maisons ne valaient pas celle-ci

 L’AGENT IMMOBILIER

 Excusez moi, Monsieur, mais c’est Madame qui a raison. C’est vraiment une affaire

 LUC bougonnait

 Une affaire, une affaire…Oui ! Une affaire pour vous ! ( se tournant vers sa femme) Décidemment, toi, tu n’as pas la bosse des affaires.

 Après un instant

 LUC (comme s’il venait de faire un effort violent)

 Bon. Cette maison te plait. C’est entendu. ( se tournant vers l’Agent immobilier) Si vous me faites un rabais de 10% je vous signe immédiatement un compromis de vente.

 L’AGENT IMMOBILIER

 Je ne peux prendre sur moi cette importante remise…..

 LUC ( voulant faire un mot)

 Tiens au fait, je vous la laisse cette remise si vous voulez

 L’AGENT IMMOBILIER

 Monsieur plaisante. C’est un tout. Si vous me permettez, je vais téléphoner au propriétaire et je reviens très vite vous donner sa réponse.

 L’Agent immobilier sort son portable de sa poche et va téléphoner de l’extérieur.

 LUC

 Décidemment ma pauvre Jeanne, tu n’es pas douée pour les affaires. Tu avais bien besoin de dire que nous avions visité deux maisons à peu prés au même prix, et qui sont loin de valoir celle là. A l’avenir, quand je ferai une transaction, je te le demande, n’ouvre pas la bouche. En aucun cas !

 JEANNE

 En parlant d’ouvrir la bouche, j’ai une de ces faims !! En tous cas, toi, l’homme d’affaires, débrouille toi comme tu voudras, mais je veux cette maison. Elle me plait énormément. Je n’en veux pas d’autre !

 LUC

 Laisse faire le bonhomme, chérie ! Et ne te mêle de rien.

 ( Il regarde autour de lui)

  Bien sûr, on pourrait faire ici un salon rustique….non, nous l’appellerons salon campagnard. Les amis en auront plein la vue. Oui décidement, elle n’est pas mal du tout.

 Luc fait le tour du local, et l’Agent Immobilier rentre*

 L’AGENT IMMOBILIER

 Excusez moi de vous avoir fait attendre, mais le téléphone du propriétaire était occupé. Il avait au bout du fil, un éventuel client qui doit venir visiter si nous ne faisons pas affaire. Je suis désolé, mais bien entendu, le propriétaire ne désire pas revenir sur son prix. Vous comprenez…

 LUC

 Oui, oui, je connais le truc. A moi, on ne la fait pas. Ce client éventuel, vous venez de l’inventer. Mais ça n’a pas d’importance, vous avez de la chance, nous ne pouvons rester longtemps dans la région, et nous sommes preneurs. Nous allons signer un compromis de vente. Attendez nous dans la voiture, ma femme et moi nous allons rester un peu ici pour jeter un dernier coup d’œil.

 L’Agent Immobilier sort.

 JEANNE ( moqueuse)

 Tu vois, j’ai laissé faire le bonhomme………Un sacré homme d’affaires, hein ?…. Et tu n’as pas tiré un centime de rabais……

 LUC

 Tu n’y connais rien en affaire. Et cette maison, crois moi, c’est une affaire. Donc j’achète, sans perdre la face : Je lui ai dit que je n’étais pas dupe de son petit jeu qui consistait à inventer un autre acheteur. Oui nous faisons une bonne affaire, et crois moi, de cette misérable remise, je ferais un très joli salon campagnard. C’est ça, avoir le sens des affaires !

 Tiens tu vois, ici, je mettrai…..

 Le rideau tombe.

( A suivre)
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13 juin 2007

EPOUX RIPOUS suite 2)

 Lorsque le rideau se lève, la dépendance a été transformée en salon, avec un parti pris un peu ridicule de rusticité.

 Deux ballots de paille forment le siège d’un canapé, dont le dossier est constitué par deux ballots surmontés de deux autres ballots. Le «  canapé » est recouvert d’une couverture, assez petite pour que l’on voie bien la paille.

 La vieille bicyclette a été suspendue au plafond et transformée en lustre. Les ampoules sont fixées sur les roues. Des harnais et des renes sont suspendus contre les murs. Dans les deux cuves, des portes en douves ont été aménagées. La demie porte d’entrée a été remplacée par une porte entière en planches non dégrossies. La scène est vide.

 On laisse quelques secondes pour que les spectateurs puissent détailler le décor, puis la porte s’ouvre et entrent Luc, une jeune femme, et un garçon d’une dizaine d’annèes .

 LUC

 Et voici mon salon campagnard ! Qu’en penses tu Anna ?

 ANNA

 C’est magnifique !! Quel goût ! Tu aurais dû être décorateur Luc ! Je ne te connaissais pas ce don !

 BOB

 C’est débile ! ( Il s’assied sur le «  canapé ») et pour le confort ! Ils sont chouettes les ressorts !

 ANNA

 Bob !! Arrête de dire des bêtises ! Tu n’y connais rien ! Luc est un grand décorateur ! Tu es trop petit pour en juger

 BOB

 Trop petit ? Tiens, viens t’asseoir Maman, et dis moi si c’est confortable ce truc en paille

 ANNA

 Je te demande de te taire ! Tu es un petit garçon mal élevé !

 BOB

 Moi, je veux bien. Mais c’est toi qui m’as élevé !

 ANNA ( à LUC)

 Excuse le, Luc. Il faut toujours qu’il fasse le malin. Moi, je te le dis, il est très agréable et plein de fantaisie ton salon campagnard.

 LUC (condescendant)

 Tu comprendras plus tard, mon garçon !

 Viens voir, Anna. Tu vois cette cuve ?

 ANNA

 Oui. Elle est magnifique.

 LUC

 Magnifique, oui, mais fonctionnelle aussi. Regarde ( il ouvre la porte d’une cuve A l’intérieur il y a le réfrigérateur. ( il ouvre la porte de la seconde cuve) et là, la télévision !

 BOB

 Fonctionnel, tu parles ! Pour aller dans le frigo , il faut ouvrir deux portes !! !

 ANNA

 Tu m’énerves, Bob. Sors d’ici. Tu m’énerves !

 BOB

 OK. Je peux aller regarder la télé, Monsieur ?

 ANNA

 On ne dit pas la télé. On dit la télévision !

 LUC

 Oui. Vas mon garçon !

 Bob sort

 ANNA

 Excuse le Luc, il est à l’age ingrat

 LUC

 Mais ce n’est rien Anna ! On ne peut demander à un garçonnet d’avoir le goût du beau. Tiens !, moi, aussi extraordinaire que cela puisse paraître aujourd’hui, hé bien à son age, je n’avais pas le sens de l’esthétique. Le goût du beau n’est pas inné. Il faut l’acquérir.

 ANNA

 Tu as bien raison !

 ( Un petit moment de silence)

 Il y a combien de temps que nous ne nous étions plus revus ?

 LUC ( réfléchissant)

 Hé bien…c’était juste «  avant » ; Cela doit faire dix ans. Oui, 10 ans, ça file le temps. Tu es mariée depuis quand ?

 ANNA

 Remariée…il y a deux ans. Bob est le fils que nous avons eu avec mon premier mari.

 LUC

 Il a l’air sympathique ton nouveau mari  Moi cela fait un an que je suis avec Jeanne.

 ANNA

 Oui. Je ne me plains pas. Robert est facile à vivre. Et puis, je ne sais pas si c’est parce qu’ils portent le même prénom, mais lui et mon fils s’entendent bien

 LUC

 Ah ! Ca, c’est très important

 ANNA

  Le crois que ça ne va pas te faire plaisir, mais Robert est commissaire de police.

 LUC

 Quoi ? Ah, zut !.

 La porte d’entrée s’ouvre et un homme décontracté sympathique, pénètre dans la pièce

 ROBERT

 Bob m’a dit que vous étiez là. ( Il regarde autour de lui) Ah ! C’est bien. Vous avez tiré partie de ce vieux bâtiment…C’est….original

 LUC

 Oui, hein ?

 ROBERT regarde longuement Luc)

 C’est curieux. Depuis tout à l’heure, je suis certain de vous avoir déjà rencontré. Et votre voix non plus ne m’est pas étrangère…Voyons…Beyrouth ??Je crois que c’est ça, nous avons dû nous rencontrer à Beyrouth .

 LUC

 Euh….Je ne suis jamais allé à Beyrouth. J’ai évidemment beaucoup voyagé..Mais à Beyrouth, non.

 ROBERT

 Ah ? Cela ne fait rien. Cela me reviendra. Ma femme me dit que vous vous  connaissez depuis longtemps.

 LUC

 Il y a surtout longtemps que nous ne nous sommes pas vus. 10 ans, vous vous rendez compte..Ca file, le temps…Oui, nous nous sommes connus d’abord au lycée, puis nous sommes restés une dizaine d’annèes sans nous voir, et nous nous sommes retrouvés dans la même Société d’assurances, pendant 2 ans. C’est bizarre la vie hein ?

 ROBERT

 Oui. Anna m’a dit avoir retrouvé votre adresse par internet, et comme en partant en vacances, nous passions tout à coté…

 LUC

 Vous avez bien fait. Ca me fait plaisir de te revoir, Anna ( se tournant vers Robert) et je suis heureux de faire votre conaissance.

  ( A suivre)
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13 juin 2007

EPOUX RIPOUS (3)

 ROBERT

 Je reste persuadé que nous nous sommes déjà rencontrés. Etes vous allé en Afrique Noire ?

 LUC

 Non. Mais vous faites erreur. J’ai une mémoire extaordiinaire. Si nous nous étions rencontrés, je m’en souviendrais

 ROBERT

 Pourtant….Vous m’avez dit que vous aviez rencontré Anna dans une compagnie d’Assurances. Vous êtes toujours dans cette branche ?

 LUC

 Non. Depuis 10 ans je suis ……dans le fret maritime.

 ROBERT

 Le fret maritime ? Attendez, attendez…..mais…oui, j’y suis. Nous nous sommes vus à Marseille….mais…c’est curieux …vous ne vous appeliez pas Vidal….Leconte…c’est ça, vous vous appeliez Leconte…..

  LUC ( manifestement gêné)

 Mais qu’est ce que vous racontez ? Je m’appelle Vidal. D’ailleurs votre femme peut vous le confirmer. N’est ce pas Anna

 ANNA

 Mais bien sur, tu es Luc Vidal. ( A son mari) Mais pourquoi dis tu que tu l’as rencontré sous un autre nom ? C’est idiot…..

 LUC

 Oh non, ce n’est pas idiot ! Je sais d’autant plus que ce Monsieur s’appelle Leconte( ou du moins il s’appelait Leconte) que je l’ai arrêté à Marseille sous ce nom.

 LUC

 Mais…qui êtes vous ?

 ROBERT

 Je suis le commissaire Bori. Mais je n’étais qu’Inspecteur lorsque je vous ai arrêté à Marseille pour trafic de drogue. Peu après votre arrestation j’ai été nommé à Paris, si bien que je n’ai pas suivi votre dossier. Vous êtes déjà libéré ? A combien avez-vous été condamné ?

 LUC ( qui joue faux)

 Mais enfin, c’est un monde, ça !!Vous venez m’insulter chez moi, je ne peux pas l’admettre. Anna, tu voudras bien m’excuser, mais je vous demande de sortir d’ici ! C’est vrai, ça ! C’est insensé. Venir me dire que je ne suis pas moi, et inventer des histoires de brigand…je ne te félicite pas ma pauvre Anna.

 ROBERT

 Doucement, doucement, Monsieur. Vous vous rendez bien compte qu’il me suffit de donner un coup de fil à un ancien collègue à Marseille pour tout savoir sur vous. Réfléchissez. Vous ne voulez pas vous expliquer tout de suite ?

 LUC ( abattu, et après un moment de silence)

 Bon. Ca va. J’ai pris 10 ans ….mais j’ai été libéré après 7 ans, il y a deux ans.

 ROBERT

 Sous quel nom avez-vous été condamné ? Et maintenant, quelle est votre activité ?

 ANNA

 Mais enfin, qu’est ce que c’est que cette histoire ? Je connais bien Luc, il s’appelle bien Vidal, et c’est un garçon honnête

 ROBERT

 Ma chérie, ce garçon honnête dont tu parles est un individu dangereux

 LUC

 Dangereux, dangereux….Je n’ai jamais tué personne !

 ROBERT

 Qu’en savez vous ? Vous vendiez de la drogue, et des drogues dures. Vous n’avez jamais entendu parler des overdoses ?

 LUC

 Je n’en suis pas responsable ! Le terme même d’overdose signifie que les victimes ont fait des erreurs. Je n’y suis pour rien. Moi je faisais du commerce, et c’est tout !

 ROBERT

 Je ne vais pas entamer une discussion avec vous sur ce sujet. Vous ne pensez pas ce  que vous dites. Si vous en avez pris pour 10 ans, il doit bien avoir une raison, non ?

 Mais vous n’avez pas répondu à mes questions : Sous quel nom avez-vous été condamné, et quelle est votre activité en ce moment ?

 LUC

 J’avais pris…un pseudo, pour mon commerce. Mais j’ai été condamné sous mon vrai nom.

 ROBERT

 Et puis ?

 LUC

 Et puis quoi ?

 ROBERT

 Je vous ai posé deux questions. Quelle activité exercez vous ?.

 LUC

 Je suis toujours …dans le fret maritime.

 ROBERT

 C'est-à-dire que vous avez repris vos activités d’avant votre arrestation,

 LUC

 Oui….Non….je m’occupe de fret maritime….Mais , .dans un cadre légal.

 ROBERT ( goguenard)

 Un cadre légal, hein ? Et vous gagnez bien votre vie ?

 LUC

 Je ne me plains pas

 ROBERT

 Et c’est avec le pécule que vous avez gagné en prison, ou bien est ce avec ce que vous avez gagné depuis que vous avez pu acheter cette propriété ?

 LUC

 Ecoutez. J’ai fait une bêtise. J ‘ai payé la société. Maintenant je suis en règle. Par ailleurs, vous m’avez dit que vous partiez en vacances, ce n’est donc pas le commissaire qui est ici, et pour ces deux raisons, vous n’avez pas à me poser de questions

 Après un moment de silence

 ROBERT

 Anna, ma chérie, peux tu nous laisser un moment. Monsieur et moi, nous avons à nous parler.

 ANNA

 Bon, je vais sortir. Mais ne vous disputez pas. Je suis certaine que si Luc a eu des ennuis, il a de bonnes explications

 ROBERT ( la poussant vers la sortie)

 C’est ça, c’est ça. !! Il a de bonnes explications et il va me les donner, Va ma chérie.

 Anna sort et Robert revient vers Luc.

 ROBERT

 Bon. Nous allons parler sérieusement et franchement. Avec quoi as-tu ( tu me permets de te tutoyer ?) cette belle propriété.

 LUC

 Je vous ai déjà dit que je n’avais pas à vous répondre.

 ROBERT

 Tu as dit, tu as dit. Mais ce que tu dis n’est pas parole d’évangile. Alors c’est moi qui vais parler. Si je me trompe, dis le moi.

 Lorsque tu as été arrêté, il y avait des années que tu faisais ton petit commerce. Il m’est facile de me renseigner pour savoir le montant des capitaux qui ont été retrouvés après ton arrestation. Je suis certain, qu’une grosse partie du magot était cachée, bien à l’abri, peut être en Suisse

 LUC

 Je n’ai pas à vous répondre.

( A suivre)
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13 juin 2007

EPOUX RIPOUS suite 4 et FIN)

 ROBERT

 C’est vrai, Luc. C’est vrai. Mais, en revanche, j’ai toutes  possibilités de faire reprendre ton affaire. Et il faudrait bien alors que tu dises avec quoi tu as acheté cette maison.

 LUC

 Pourquoi feriez vous ça ?

 ROBERT

 Pourquoi ? Mais, mon cher, parce que j’aime la justice.

 Un moment de silence

 LUC

 Vous avez dit que vous pourriez faire reprendre l’affaire. Y a-t-il une possibilité pour que vous ne le fassiez pas ?

 ROBERT

 Peut être, peut être. Dis moi tout, et je verrai…

 LUC ( prudemment)

 Vous voudriez….un dédommagement ?

 ROBERT

 Un dédommagement ? Non. D’ailleurs, je n’ai subi aucun dommage. Disons plutôt…une part

 LUC ( un peu soulagé)

 Une part ?une part…oui pourquoi pas. Je ne veux pas retourner en prison. Nous allons peut être trouver un arrangement.

 ROBERT

 Parlons clair. Combien avais tu mis de coté, et ou ?

 LUC

 Les choses sont plus compliquées que vous ne le croyez. Il n’y a pas que vous et moi. Il y a une autre personne.

 ROBERT

 Une autre personne ? Est elle sortie de prison ?

 LUC

 Non. Elle est passée à coté. Grâce à moi. J’ai tout pris sur moi..

 ROBERT

 Et…avec cette personne, le partage a été fait ?

 LUC

 C'est-à-dire, que…Pas encore…

 ROBERT

 Ecoute moi bien, Luc. J’en ai marre de toutes ces réticences. Alors parlons net. A combien se montait le magot ?

 LUC

 En Euros, cela faisait à peu prés ..6 millions

 ROBERT

 Bigre !!!Et qu’as-tu acheté ?

 LUC

 Uniquement la propriété…et de quoi vivre.

 ROBERT

 Tache d’être précis. Combien reste t il ?

 LUC

 5 millions à peu prés.

 ROBERT

Oh, mais tu es très économe. Donc nous sommes trois pour ces 5 millions.

 A ce moment là, Anna entre

 ANNA

  J’ai tout entendu. Bienvenu dans le groupe, Robert. Je suis heureuse que tu soies avec nous

 ROBERT

 Quoi ? Que dis tu ?

 ANNA

 Je dis que je suis heureuse de te savoir avec nous. Un commissaire de police, c’est toujours intéressant dans ce genre d’affaire. Vois tu, mon chéri, Luc et moi, sommes pratiquement toujours resté en contact depuis notre adolescence. C’est en travaillant ensemble que nous avons ramassé le magot. Ce n’est pas par hasard que nous sommes ici. Robert a fait de la prison et ne m’y a pas entraînée. Nous avions décidé qu’à sa sortie, en fin de compte, il aurait 2 tiers et moi un tiers du magot. Mais il ne fallait pas se précipiter. Il a attendu un peu, a acheté cette propriété, et comme rien ne bouge, nous avons décidé de procéder au partage maintenant.

 ROBERT

 Comment, toi ? Comment as-tu pu faire ça ? Tu as fait du commerce de drogue, toi ?

 ANNA

 Holà, holà ! Doucement ! Pour les leçons de moral un commissaire Ripou n’est pas très crédible !

 LUC

 Vous ne croyez pas que le moment est venu de parler sérieusement ?

 L’argent est en effet sur un compte en Suisse. Pour retirer de l’argent, il faut deux signatures. Celle d’Anna et la mienne.

 Je vous propose de partager de la façon suivante ; Pour moi qui ai pris les plus gros risques, et suis allé seul en prison : 3 millions d’euros. Vous partagez le reste soit un peu plus de un million d’euros chacun.

 ANNA

 Pour moi, c’est d’accord. Je suis très heureuse que Robert soit avec nous. Je ne savais comment faire. Et puis, un commissaire de police, c’est intéressant.

 ROBERT

 Et la propriété ?

 LUC

 Quelle propriété ?

 ROBERT

 Et bien ici. Elle est à ton nom. Alors la propriété plus trois millions, ça fait beaucoup.

 LUC

 Puisque tu me tutoies, je peux en faire autant. Alors, qui a fait tout le travail ?…sans compter la prison ? Toi tu arrives en dernier, tu n’as qu’à ramasser la galette.

 ROBERT

 Oui, mais sans mon ….concours, vous n’auriez pas un centime, ni l’un ni l’autre.

 ANNA

 Mais mon chéri, nous aurons deux millions à nous deux, nous pourrons en faire des choses !

 ROBERT

 Bon. C’est d’accord.

LUC

 Et moi, pour te marquer ma confiance, je te donne le numéro et l’adresse du compte ( il écrit sur un morceau de papier et le donne à Robert.

 Je propose que nous allions à Zurich tous les trois, la semaine prochaine. Ma signature et celle d’Anna sont nécessaires, et nous ferons le partage la bas. Vous êtes d’accord ?

 ANNA

 D’accord

 ROBERT

 D’accord

 Une voix venant d’en haut

 Pas d’accord !!!!!!!

 A ce moment là, descendant d’un escalier invisible de la salle, Jeanne arrive en scène, un revolver à la main

 JEANNE

 Hauts les mains, tous les trois !!!

 Ils s’exécutent

 LUC

 Mais…Ma chérie

 JEANNE

 Il n’y a plus de «  ma chérie » Ouf !! Qu’elle a été longue cette annèe avec toi, mon salaud ! Si je n’avais pas été soutenue par la haine…Oui, ma petite sœur a été tuée par une overdose .Depuis, je travaille pour le Service de lutte contre les stupéfiants. Je te suis depuis longtemps, Luc, et je m’étais jurée d’avoir ta peau. Mes chefs m’ont donné carte blanche pour arriver à mes fins.

 LUC

 Mais enfin, tu ne peux pas faire ça, après tout ce que nous avons vécu

 JEANNE

 Tais toi ! Robert, donnez moi ce papier que vous avez à la main ( elle le regarde rapidement) bien, nous savons maintenant ou est votre magot..

 ( Tout en gardant le revolver pointé sur les trois personnages, elle sort de la main gauche un portable)

 Asseyez vous tous les trois sur ce magnifique divan ( elle désigne les ballots de paille, puis elle fait un numéro) Allo Jacques ? Vous pouvez venir. Ils sont là, je les tiens. J’ai tous les éléments. Je vous attends.

 ROBERT

 Vous ne pouvez faire ça. !!! Nous pouvons discuter…. et vous aurez une part.

 JEANNE

 Toi, le ripou, tais toi ! Tu me fais honte ! Un commissaire de police ! Fais moi confiance, tu seras plus assaisonné que les autres.

 Tu vois Luc, j’avais bien raison de faire aménager le petit pigeonnier là haut. J’ai pu tout entendre et tout enregistrer ce qui a été dit ici depuis le début. Vous êtes cuits…et moi, je vais enfin être libre

 ROBERT

 Ma part, toute ma part ! Je vous offre  toute ma part !!!!

 JEANNE

 Non, Robert. Pour tous, c’est fini. Robert, tu vas aller en prison, après y avoir envoyé les autres. Anna, vous allez également faire un séjour prolongé dans un établissement pénitentiaire, Luc , je pense qu’il y aura des poursuites contre vous pour corruption de fonctionnaire. Cette pièce se terminerait bien s’il n’y avait pas Bob. Le pauvre petit ! Que va-t-il devenir ? Avec ses parents en prison ?

 A ce moment là, le petit Bob entre en scène.

 BOB

 Y a pas de lézard !!

 Bien sur,  l’auteur aurait pu prévoir quelque chose de bien pour moi.

 ( Il s’adresse aux spectateurs)

 Vous comprenez, c’est mon Pape qui a écrit cette pièce. Je lui ai demandé de me donner un petit bout de rôle, parce que plus tard, je veux «  faire acteur ». Alors il m’a dit d’accord, je te donne un petit rôle au début, mais je veux absolument que tu ne te couches pas trop tard. Alors je t’oublierai en route, et tu rentreras à la maison dés ta sortie de scène au début de la pièce. .

 Mais comme moi, je voulais revenir sur scène, je lui ai demandé de pouvoir vous expliquer ce qui s’est passé.

 Ne vous en faites pas pour moi. Anna, n’est pas ma vraie maman, et Robert n’est pas son vrai mari. Mais moi, j’ai de vrais parents, et il faut que je rentre à la maison. La pièce est finie pour ce soir.

 
 Le rideau tombe

7 juin 2007

J'AIME MON MARI


 

 J’AIME MON MARI

 

 

 Oui, j’aime mon mari. Et je suis une femme droite. Pourquoi me dit on le contraire ? C’est injuste. Personne ne veut me comprendre. Alors, je vais m’expliquer devant vous. Vous serez juge. Et si vous êtes juste, vous me rendrez justice.

 Je suis mariée avec Denis depuis 8 ans. Nous avons deux enfants adorables, Marc et Lise. Nous sommes, je crois pouvoir le dire, une famille qui était heureuse, unie, pleine d’amour.

 Bien sûr les sentiments qui m’unissent à mon mari, se sont un peu modifiés. Mais ce qu’ils ont perdu en passion, ils l’ont gagnés en profondeur. Oui. J’aime mon mari.

 Il y a un mois, presque jour pour jour, ma sœur avait gardé les enfants, et, Denis et moi, sommes allés à un bal donné à la salle des fêtes par une association sportive.

 J’ai dansé les premières danses avec mon mari. Et puis, un homme est venu m’inviter. Je ne l’avais jamais vu. On ne peut dire qu’il était vraiment beau. Mais il dégageait une impression de force de caractère. Il émanait de lui, quelque chose de sécurisant, de serein.. Dés qu’il me prit dans ses bras pour un tango, j’ai senti que rien ne pouvait m’arriver. J’étais dans une sécurité absolue. Il avait de temps en temps, surtout quand il me regardait, un petit sourire, à la fois tendre et dominateur qui me faisait fondre.

 J’ai entrepris un récit sincère. Je veux donc le dire très simplement. Je n’avais jamais ressenti ce sentiment de sécurité entière. Même avec Denis. C’est un fait. Il est indéniable, je ne vous le cache pas, mais, au risque de me répéter, je vous le dit : j’aime mon mari. Et même lorsque dans les bras de celui qui était encore pour moi un inconnu, j’avais conscience, pleine conscience de vivre quelque chose de parallèle à mon amour pour mon mari. C’était fort, mais c’était autre chose. Et mon amour pour mon mari, n’était pas en cause.

 Après 4 ou 5 danses au cours desquelles, nous n’avions pratiquement pas parlé, je m’étais contentée pour ma part de ressentir, Denis gagna l’inconnu de vitesse et m’invita à danser.

- Qui c’est ce type avec lequel tu as dansé plusieurs fois ?

- Ma foi, je n’en sais rien. Je ne l’avais jamais vu, il ne m’a pas dit son nom, et il n’est pas bavard. Mais il danse très bien.

- Je trouve qu’il a un regard curieux quand ses yeux se posent sur toi.

- Ah ? Tu crois ? Je ne m’en suis pas rendue compte.

Bon. Puisque j’ai décidé d’être sincère, là, je ne disais pas tout à fait la vérité. Mais c’était peu important.

 J’ai encore été invitée 3 fois par l’inconnu. C’est au cours de la troisième et dernière danse ( c’était un slow) qu’il me parla vraiment.

- Mon nom est Pierre Delmont. Dés mon entrée dans cette salle, en regardant les personnes présentes, mes yeux se sont arrêtés sur vous et je n’ai plus vu que vous. L’homme avec lequel vous dansiez tout à l’heure, est votre mari, je suppose ?

- C’est mon mari en effet
 Je ne sais pourquoi j’ai éprouvé le besoin de dire tout de suite

- Nous sommes mariés depuis 8 ans et nous nous aimons comme au premier jour

- Que vous vous aimiez, c’est possible, mais comme au premier jour, permettez moi d’en douter…Vous ne m’avez pas dit votre nom

-  Roxane Banc. Je suis mariée et j’ai deux enfants

- Le couple classique français en somme.

- Vous semblez mettre une nuance péjorative dans l’expression «  couple classique ?

 Il réfléchit un moment

- Vous êtes très observatrice. Péjorative, peut être pas, mais…peut être….y a-t-il en moi… un regret….un regret que vous soyez comme beaucoup d’autres

-  Ah ? Et comment faudrait il que je sois, d’après vous ?

-  Une femme libre. Je veux dire foncièrement libre. Libre dans votre esprit, libre dans vos actes

-  Et bien entendu, vous êtes certain qu’il n’en est rien ?

-  Ce n’est pas une certitude. C’est une crainte

- J’aime mon mari

- Vous vous répétez. Pour moi, c’est un bon signe. Cela ressemble beaucoup à la méthode Coué.

 La danse se terminait, je ne lui ai pas répondu. Il m’a remercié de lui avoir accordé cette danse et je suis revenue vers mon mari.

 Le lendemain, en fin de matinée, je m’apprêtais à aller faire des courses lorsque la sonnette d’entrée retentit .

 Je suis allée ouvrir. C’était un jeune garçonnet d’une dizaine d’années qui disparaissait derrière une magnifique gerbe. Je donnais un petit paquet de bonbons à l’enfant et me mis à la recherche d’un vase assez grand pour accueillir la gerbe. J’avais vu qu’il y avait une carte de visite. Je n’osais pas la prendre, mais je savais de qui elle émanait.

 Lorsque les fleurs furent en place, je pris l’enveloppe, dans laquelle se trouvait comme je l’avais pensé la carte de Pierre Delmont. J’appris qu’il était Avocat, et il avait tracé ces simples lignes.

 «  Ce n’était pas une banale rencontre. Tel 06 62 44 02 11 à n’importe quelle heure »

 Je restais un moment interdite. « Mon » inconnu ( j’ai continué à l’appeler de cette façon à chacune des mille fois ou j’ai pensé à lui depuis hier) me donnait pratiquement rendez vous.. Et moi, qu’allais je faire ?

 Toujours sincère dans ce récit, je dois dire que mon incertitude n’a pas durée plus de 2 ou 3 minutes.

 Je lui téléphonais aussitôt, et nous avons pris rendez vous, le jour même dans l’après midi à 16 heures, à la sortie du Tribunal.

 Quand je suis rentrée à la maison, il était 20 heures. J’ai trouvé un mari dans tous ses états, prêt à téléphoner au commissariat de police, à la gendarmerie, dans les hôpitaux, que sais je encore. Les enfants n’avaient fait ni leur toilette ni les devoirs. Bref c’était la révolution. Je n’ai pu m’empêcher de rire en disant

- Quand je suis un peu en retard, tout est sens dessus dessous !!

 Et Pierre m’a répondu :

- On s’est fait un mauvais sang d’encre ! et toi, tu ris !!! Ou étais tu ?

- Oh , « ON » s’est fait un mauvais sang d’encre, c’est beaucoup dire. Les gosses en ont profité pour ne pas faire ce qui, leur déplait.

-  Tu n’as pas répondu à ma question. Ou étais tu ?

 Sa question m’a mise hors de moi.

- Dis donc ! Est ce que je te demande ce que tu faisais ce matin à 10heures et quart ou dans l’après midi à 16 heures trente ? Est-ce que je te le demande ?

-  Mais ça n’a rien à voir, j’étais au bureau, mais toi, à 20 heures …..

- Hé bien je ne faisais rien de mal. Ca doit te suffire comme explication, non ?

Il est sorti du salon en claquant la porte, et j’ai préparé le dîner.

 Ce n’est que trois jours plus tard que je suis devenue la maîtresse de Pierre. Sa maîtresse, mais rien de plus. Ca n’enlevait rien à mon mari que j’aime toujours, ni à mes enfants chéris.

 Tout de même, il y avait un truc qui me turlupinait. Je cachais quelque chose à mon mari. Et comme je suis une fille droite, franche, honnête, ce fait de cacher quelque chose à Denis m’était désagréable. J’ai tenu un mois

 Et puis, hier,  je me suis dit : Ce n’est pas bien de faire des cachotteries à son mari, alors le soir, j’ai dit à mon mari.

- « Il faut que je te dise quelque chose mon chéri. Je sais que tu vas peut être m’en vouloir, parce que cela fait prés d’un mois que je te mens. Et te mentir, cela m’est insupportable. Alors voilà. Tu sais le jour ou nous sommes allés danser à la salle des fêtes ? Il y a un Monsieur qui est venu m’inviter à danser. Il s’appelle Pierre, il est avocat. Je l’ai revu. Je suis devenue sa maîtresse, mais tu le sais, c’est toi que j’aime. Et puis, maintenant, c’est terminé.  Mais je comprends parfaitement que tu m’en veuilles de t’avoir caché la chose durant plusieurs jours. Tu me connais. Je suis franche, très droite. Il fallait que je te le dise !

-  Mais….Mais ce n’est pas possible ! Tu me trompes, et tu viens me le dire, comme ça, calmement

-  Tu es de mauvaise foi !! Pas calmement !! Je te l’ai dit, cette petite cachotterie de plusieurs  jours me rendait malade

-  Cette petite cachotterie !!!!!!Mais tu te fous de moi ! Tu viens me dire : J’ai un amant, et tu appelles ça une petite cachotterie !

-  Alors là ! je ne te comprends pas. Je suis sincère, je suis franche, je viens te dire, voilà , je suis très malheureuse parce que je t’ai caché quelque chose durant un petit mois. Ca me rongeait, parce que je t’aime, et voilà le réconfort que tu me donnes !! Si je ne t’avais rien dit, là je t’aurais trompé, mais je n’ai pas pu te tromper. Il a fallu que je te le dise

- - En couchant avec un autre, tu ne m’as pas trompé ?

-  Mais enfin puisque je te le dis, je ne te trompe pas ! tu as de la chance d’avoir une femme qui t’aime trop pour te mentir

-  Alors, je suis cocu et je devrais être content ? Mais tu es folle !!!!!!!

-  Denis, tu vois que je suis très calme. Raisonne un peu. Je suis mariée avec toi. Je t’aime. Nous avons des enfants adorables. Bien. J’ai eu une aventure ( elle est terminée) avec un Monsieur, et comme je suis franche, honnête, je ne veux pas te le cacher, je te le dis c’est tout. »

 Voilà. Je vous ai rapporté la conversation que nous avons eu Denis et moi, hier soir. Avec tout mon amour, toute ma tendresse, je viens lui dire que je suis malheureuse parce que  durant un mois, je ne lui ai pas dit la vérité. Et au lieu de me consoler, il est furieux contre moi. Il a même dit des mots affreux. Il m’a dit :

 « Tu es doublement dégueulasse »( parfaitement, il a employé ce mot) » non seulement tu me trompes, mais comme cela t’embête un peu, tu viens te débarrasser de ton fardeau sur moi. Quand je ne savais pas que tu avais un amant, c’était pour moi comme si tu n’en avais pas eu.

 Maintenant, tu continues à penser que tu es une fille bien « droite et sincère » comme tu dis. Tu es bien dans ta peau et c’est moi qui suis malheureux comme les pierres »

 J’ai voulu vous faire juge. Il devrait être fier d’avoir une petite femme qui ne peut avoir un secret pour lui. J’en connais beaucoup qui n’auraient rien dit…elles auraient trompé leur mari. C’est ça qui aurait été dégueulasse. Vous êtes bien d’accord avec moi ? Vous êtes juges.

27 mai 2007

L'ENTERREMENT

 L’ ENTERREMENT

 

 Je marche juste derrière la voiture qui emmene le cercueil de Maman. Nous venons d’entrer dans le cimetière. Ma tante Lise me donne la main. Tout de même, me donner la main !!Je ne suis plus un petit garçon !! J’ai 14 ans. J’ai un peu honte que tante Lise me donne la main. Oui ; j’ai honte ! Mais quand même, ce n’est pas le jour d’avoir honte…. J’ai honte d’avoir eu honte. On est en train d’enterrer Maman.

  Et voilà ! je n’ai plus de parents. Mon père est mort quand je n’avais pas 4 ans. Il était Représentant. Il faisait beaucoup de route. On dit qu’il a du s’endormir au volant. Je ne me souviens plus de mon Papa. Mais on m’a tellement dit qu’il est mort dans un accident de voiture, que j’ai toujours fait un lien entre voiture et accident. J’ai toujours peur de monter en voiture. Alors maintenant que Maman est morte aussi dans un accident automobile, qu’est ce que ça va être !!

 Dans 4 ans j’aurais le droit de passer mon permis de conduire. Mais je ne sais pas si je le passerais. J’ai peur en voiture. Alors je ne vais pas en acheter une. Ou peut être qui c’est ? Si c’est moi qui conduit, je n’aurais peut être plus peur. Ce qui est sûr, c’est que si j’en achète une, ce sera une grosse voiture allemande. Elles sont plus solides. Plus sures.  J’aime bien les voitures qui sont bleu foncé. La mienne sera bleu foncé. ….Mais enfin, je ne suis pas norrmal !!!!  Je suis à l’enterrement de Maman et je pense à l’automobile que j’aurais plus tard. Dans longtemps. Pourtant j’aimais  ma Maman. Je l’aimais même beaucoup. Je l’aimais plus que mes copains aiment la leur….. Je crois bien que je suis un monstre. Oui, je suis un monstre.   

    Bien sur,  j’ai pleuré quand on m’a dit que Maman avait eu un accident de voiture. J’ai pleuré, mais il me semble que je n’ai pas pleuré assez.  Je suis un monstre. C’est affreux d’être un monstre. Et pour moi c’est encore plus affreux. Un monstre, s’il ne se rend pas compte qu’il est un monstre, c’est pas terrible.Au fond, il s’en fout d’être un monstre. Mais moi, je le sais. Et de plus, je découvre que je suis un monstre le jour de l’enterrement de ma Maman. Personne n’a connu une plus grande honte que moi. Je suis le cercueil de Maman,  … Tiens ? on est arrété. Il y a le curé qui dit des tas de choses. Il est ridicule ce curé avec ses vètements spéciaux. Il se croit au théatre ? On n’est pas au théatre. On enterre ma Maman. Il devrait s’habiller comme tout le monde. Ce serait plus naturel. D’ailleurs, le plus naturel ce serait que tous les gens soient tout nus. J’ai failli éclater de rire en me représentant tout le monde à poil. Je me suis retenu, mais je me demande si je n’ai pas un peu souri. Et si quelqu’un m’a vu à ce moment là, il doit penser que je suis un monstre. Et il aurait raison.

 Je suis un monstre. Je n’ai plus de Papa depuis longtemps, et maintenant, je n’ai plus de Maman. Et je souris. Peut être que je ne suis pas un monstre. Peut être que  je suis seulement fou. Mais ça, je ne l’avouerai jamais. Je ne veux pas être interné avec des fous. Je ne suis quand même pas assez fou.

 Tata Lise me tient toujours par la main. Elle pleure. Ce n’est pas un monstre elle.Elle est normale, elle. Il faudrait bien que je pleure aussi….. Ca y est je pleure. Mais c’est affreux. Je ne pleure pas parce que je n’ai plus de Maman. Je pleure parce que je suis un monstre.

 Tata Lise me traine vers l’entrée du cimetière. Pourquoi on s’arrète ?. On se met en rang avec toute la famille, et tous les gens viennent nous serrer la main. Toutes les femmes m’embrassent, et me disent à peu prés toutes : Pauvre enfant ! Courage !

 Oui il va m’en falloir du courage. Je vais devoir vivre avec moi, avec un monstre. Ils sont bètes les gens ! ils sont gentils avec moi. Ils ne se rendent pas compte que je suis un monstre. Le jour de l’enterrement de Maman, je pense à un tas de trucs. Bon sang, que j’ai honte ! Pourtant, je jure que c’est vrai. Je l’aimais ma Maman.
  http://abeilles.apiculture.free.fr/

24 mai 2007

LE PEIGNOIR

Cela faisait beaucoup. Beaucoup trop.
   Pierre Dulac dans un fauteuil, les coudes sur les genoux, la tête entre les
mains, se demandait si cela valait la peine de continuer. Il se leva, vint vers
la fenètre. Il était au 4 ème étage. Il suffisait de sauter, et à cette hauteur,
le coup ne pouvait pas rater. En 3 ou quatre secondes, tous ses ennuis seraient
terminés.
    Mais il semblait que le moment n’était pas tout à fait venu, car Pierre
revint s’asseoir dans son fauteuil.
   Pourtant, oui, cela faisait beaucoup.
   Cela avait commencé il y a moins de trois mois. Son fils unique, Nicolas,
s’était tué en faisant une chute de cyclomoteur.Ce fut un écroulement dont
Pierre ne parvenait pas à se remettre. Curieusement, sa femme, qui était restée
abattue durant quelques jours, reprit rapidement goût à la vie, au point de
déclarer à Pierre moins de quinze jours après l’enterrement : « Celui qui nous
servait de lien, n’est plus. J’aime ailleurs, je pars. »
    Pierre sut très vite que «  l’ailleurs » était son ami d’enfance, Claude.
Classique. Monstrueusement classique. Bien sur, ce malheur additionnel,
n’augmenta pas très sensiblement sa déprime. Il avait atteint presque une limite
avec la mort de son fils.
    Chef de contentieux dans une société, il était l’objet depuis plusieurs
annèes de jalousies. Son travail irréprochable, l’avait mis à l’abri de toutes
les manœuvres. Mais depuis trois mois, il avait commis deux erreurs importantes,
lourdes de conséquences pour la Société. Le Directeur Général adjoint l’avait
convoqué la veille.
  «  Je sais que vous avez subi un deuil très éprouvant, et comme homme, je
comprends et j’excuse vos lourdes erreurs. Mais professionnellement, je ne peux
vous laisser continuer sans mettre en danger l’existence même de notre Société.
Vos fautes graves pourraient me servir de motif de licenciement. Mais compte
tenu de votre passé, je vous demande de me remettre votre démission. Je vous
ferai une lettre personnelle, expliquant que les raisons de vos erreurs, sont
d’ordre privé, et  que votre valeur professionnelle  n’est pas en cause. »
    Pierre avait écrit immédiatement sa lettre de démission, était  rentré chez
lui la veille vers 17 heures, et depuis, était resté dans son fauteuil. Il
s’était assoupi une ou deux heures dans la matinée et n’avait pas bougé de son
fauteuil alors qu’il était 10 heures du matin..
   Il venait de se rasseoir lorsqu’il sentit qu’il était sale. Il n’y eut dans
son esprit qu’une urgence : Prendre une douche. Il se dirigea vers sa chambre,
prit dans l’armoire du linge propre, et se rendit dans la salle de bain, ou il
prit une douche de plus de vingt minutes.
  Au moment ou il allait s’asseoir de nouveau dans son fauteuil, il dit à haute
voix :Non, Non
, Non. !Pas le fauteuil !! Il se rendit dans la cuisine , ouvrit son
réfrigérateur, prit une tranche de jambon, du pain de mie, et attablé sur un
coin de la table de cuisine, il se confectionna et avala deux sandwichs, les
poussa avec un verre de vin, et après quelques instant de reflexion, il se
dirigea vers son poste de téléphone..
    Après avoir consulté son carnet d’adresses, il composa un numéro.
«  Allo ? Pourrais je parler à Monsieur Vidal ? »
  «  Allo ? Jacques ? C’est Pierre. ? oui….Je remonte peu à peu. Dis donc, il
faudrait absolument que je retrouve une situation……Oui, je suis libre.. ;depuis
hier après midi..Tu as raison, ça fait beaucoup, beaucoup trop, mais il faut que
je réagisse…Oh un poste dans un contentieux…peu importe le niveau, il faut que
je travaille. OK j’attends ton coup de fil, et quoiqu’il en soit, je te
remercie..non, non, merci pour ton invitation, mais je préfère rester ici pour
l’instant. Tu penses m’appeler demain ? d’accord. Merci d’avance. A demain »
     Pierre qui au sortir de la salle de bain était resté en peignoir, alla
s’habiller, puis il s’installa devant sa télévision, jusqu'à 19 heures, ou
tombant de sommeil, après avoir grignoté quelques fruits, il alla se coucher.

    C’est en fin de matinée que Jacques lui téléphona pour lui proposer un poste
de simple rédacteur contentieux, mais avec la possibilité de prendre dans 3 mois
le poste de Directeur adjoint du Contentieux si son stage était concluant.
    N’étant pas tenu par sa Société d’effectuer un préavis, Pierre prit son
poste de Rédacteur 3 jours plus tard.
  Il constata combien il était reposant d’être simple rédacteur. Les décisions
importantes étant prises par la Direction, Pierre aurait pu rester dans le
confort intellectuel du simple exécutant.
   Pourtant, à l’occasion d’un dossier sur un problème d’abus de droit, il ne
put s’empécher d’entrer en conflit avec son Directeur. Dans un dossier roulant
sur plus d’un million d’Euros, Pierre estimait que l’abus de droit pouvait être
plaidé. D’un avis contraire, le Directeur voulut arriver à une transaction avant
l’audience. La partie adverse, en maintenant la totalité de sa demande, refusa
tout arrangement amiable. L’affaire vint donc devant le Tribunal et Pierre
fournit à l’avocat de la société tous les éléments nécessaires pour plaider
l’abus de droit.
   Le Tribunal suivit l’avocat de Pierre, estimant qu’il s’agissait bien en
l’espèce d’un abus de Droit, et en accordant  la demande reconventionnelle
d’indemnité pour procédure abusive.
     Le Directeur ne pardonna pas à Pierre d’avoir eu raison contre lui, et ce
d’autant plus que la partie adverse ne fit pas appel et que la condamnation fut
définitive.
    Dés lors entre le Directeur et le rédacteur, ce fut la lutte du pot de fer
contre le pot de terre..et Pierre donna sa démission.
  Ce nouvel avatar, cependant eut pour Pierre des conséquences heureuses. Ce
succés technique qu’il venait de remporter, lui redonna la confiance qu’il avait
un peu perdue.
    Mais il ne chercha pas un autre poste. De tous ces évènements, Pierre
ressortait plus confiant en lui, mais malheureux et aigri ; Il résolu de ne plus
avoir confiance dans les autres, et décida de mettre ses connaisances juridiques
à son propre service. Il avait quelques économies et monta une agence juridique,
qui rachetait à bas prix des causes désespérées. Les créanciers avaient un
avantage en retirant quelques capitaux d’une affaire qu’ils avaient pratiquement
classées dans la rubrique « Pertes et Profits ». Quand à Pierre, s’il perdait
quelques affaires, il suffisait qu’il en gagne une de temps en temps pour tirer
globalement un bénéfice interessant.
    Après un an, l’Agence de recouvrement  était bien installée. Une secrétaire
et un jeune collaborateur venaient épauler Pierre, qui, à coté de son système
d’achat de créances, envisageait de créer un département de recouvrement
contentieux classique.
     Sa vie sentimentale était à l’étiage zéro. A 38 ans, il ne ressentait pas
le vide affectif de sa vie. Il n’avait aucun désir physique, et se concentrait
uniquement sur son activité professionnelle.
    Sa clientèle, alors qu’il habitait à Avignon, s’étendait sur 3 ou 4
départements voisins. C’est avec une certaine surprise qu’il reçut une lettre de
Douala, au Cameroun, qui sollicitait son aide.
  Elle émanait d’une Société française dont le Directeur connaissait une personne
à Marseille, qui lui avait parlé de Pierre. Cette Société, avait un litige
important avec une Société italienne dont le Siège social se trouvait à Yaoundé.
    Pierre était invité à venir au minimum trois jours à Douala, pour étudier
sur place la totalité d’un dossier complexe. Il accepta cette affaire, et partit
un soir glacial de Février, pour arriver à l’aube à Douala, dans une atmosphère
humide, chaude et  suffocante.
   Son client l’attendait à l’aéroport et l’emmena à l’hotel des Cocotiers ou
une chambre avait été retenue pour lui.
   Après s’être installé et qu’il eut pris une douche, une voiture vint le
chercher à 9 heures pour le conduire au siège Social de la Société.
  Il fut reçu par le Directeur, qui après lui avoir brossé un tableau général du
problème, le remis entre les mains de son adjointe, Roxane Rieux.
  Si  Pierre avait été un homme dans un état normal, il n’aurait pu ignorer le
charme, la beauté, la gentillesse évidente de Roxane.
   Mais, dans Pierre, sous l’avalanche des malheurs qui s’étaient écroulées sur
lui en un temps relativement court, toute une part de sa personnalité était
morte. Les fibres sentimentales étaient desséchées, et il ne ressentait plus
aucun désir. Il n’avait qu’une raison d’être- elle même d’ailleurs n’était pas
surpuissante-  c’était ses affaires.
          Ses connaissances juridiques et son intelligence lui permettaient de
travailler sans trop d’effort. Lorsqu’il avait rassemblé tous les éléments d’un
problème, il voyait aussitôt ou se trouvaient les points forts et les points
faibles des deux parties, et en tirait immédiatement la conséquence.
   Pierre dans un bureau mis à sa disposition, passa la matinée et l’après midi
à étudier toutes les pièces du dossier en compagnie de Roxane. Cette dernière
connaissait bien le dossier, mais elle n’avait pas la culture juridique et
l’esprit de synthèse qui conduisaient Pierre immédiatement à aborder tel ou tel
problème sous l’angle le plus avantageux pour son client.

      Le Directeur d’abord, Roxane ensuite, avaient invité Pierre au restaurant.
Il avait refusé, préférant déjeuner seul au restaurant de l’hotel pour faire
ensuite une courte sieste.
   A 18 heures, Pierre demanda à voir le Directeur pour lui faire part de ses
conseils sur la façon d’aborder le problème posé. Roxane bien entendu assistait
à l’entrevue.
   Pierre fut assez bref.
  «  Le dossier que vous m’avez communiqué est extrèmement touffus. Cela vient du
fait, que vous avez trop trainé, et que vos adversaires ont multiplié les
procédures sur des points de détail.Je dois dire qu’ils ont fort bien manœuvré,
car devant le volume de ce dossier, il est possible de perdre de vue le fond du
problème, pour s’attarder sur des détails.
   Votre cause est  bonne. Je dirais même excellente.A mon avis, vous ne devez
pas donner suite aux offres d’une transaction à l’amiable. Il faut plaider, et
vous avez les plus fortes chances d’obtenir le rejet de leur demande. Leurs
pseudos preuves n’en sont pas. Il suffit de ramener cette affaire à ses éléments
de base, pour que la loi soit de votre coté. Bien mieux, la multiplication des
procédures de votre adversaire vous permet de demander et d’obtenir des dommages
intérets pour procédure abusive.
      Le litige roule sur des sommes extrèmement importantes et je vous
conseille de prendre un avocat du barreau de Paris qui, en mettant de surcroit
son poids dans la balance…..de la justice, fera pencher le plateau dans un sens
favorable pour vous.
  - Monsieur Dulac, vous me soulagez d’un grand poids répondit le Directeur. Je
vous remercie vivement pour vos précieux conseils. Je vous laisse le soin de
choisir un avocat du barreau de Paris, et je vous demande de mettre noir sur
blanc la façon dont à votre avis, il faudra plaider cete affaire. Vous remettrez
votre travail à Madame Rieux.
   Par ailleurs, puisque vous êtes là, jusqu’à demain soir, j’aimerais que vous
puissiez voir…( Le Directeur s’adressa alors à Roxane) Roxane, pouvez vous
sortir le dossier de notre litige avec Total et en parler demain matin avec
Monsieur Dulac ?
   Pierre répondit qu’il examinerait volontiers ce dossier, mais qu’il allait
consacrer la matinée du lendemain à rédiger la lettre d’instruction pour
l’avocat. Il proposa donc de voir le dossier Total dans l’après midi, puisque
son avion ne partait que vers 21 heures, ils auraient tout le temps.
-Parfait répondit Roxane, mais demain, samedi, les bureaux seront fermés.. Si
vous le voulez bien, nous pourrons étudier le dossier Total chez moi, ou je
l’aurais amené.
  Après accord de Pierre elle lui remit sa carte avec son adresse.
  De l’hotel, Pierre passa un coup de fil à son bureau à Avignon. Tout allait
bien. Pas de problème spécial. Dans le hall d’entrée, quelques livres étaient en
vente, et Pierre acheta un vieux livre d’Exbrayat : » Une ravissante idiote »,
qu’il commença à lire en prenant son diner dans la salle de restaurant et
poursuivit dans sa chambre.
     La lumière éteinte, et avant de s’endormir, Pierre pensa à la note qu’il
allait écrire à l’intention de l’avocat.
   Dés 8 heures 30, il commença la rédaction de la note, et vers 10 heures et
demie, elle était terminée.
   Pierre pensa alors qu’il avait peut être le temps d’étudier  avec Madame
Rieux le second dossier, ce qui lui permettrait dans l’après midi de prendre un
taxi pour aller faire un tour en brousse. Venir au Cameroun, et ne rien voir du
pays serait idiot.
    Lorsqu’il arriva chez Madame Rieux, il sonna à plusieurs reprises, mais
personne ne vint lui ouvrir. Il repartait vers l’ascenseur lorsque derrière lui,
la porte s’ouvrit, et il entendit madame Rieux s’exclamer
  - Ah, c’est vous, Monsieur Dulac ? Excusez moi, j’étais sous la douche et je
n’ai sans doute pas tout de suite entendu la sonnerie.
  En effet, Madame Rieux devait sortir de la douche. Ses cheveux mouillés se
collaient sur ses joues, et elle était vétue d’un peignoir de bain.
  - C’est moi Madame qui devrait vous demander de m’excuser. Je ne devais venir
que cette après midi, mais comme j’avais terminé ma note pour l’avocat……j’aurais
dû vous téléphoner avant… Je reviendrai cette après midi.
  - Mais non ! Puisque vous êtes là, entrez. ! Nous allons voir le dossier Total.
   Pierre entra dans une salle de séjour climatisée, agréable, confortable
  - Si vous voulez me laisser quelques minutes, je vais aller m’habiller et
essayer d’être plus présentable, regardez cette coiffure…
   Ce disant, elle porta ses mains sur la tête, et le peignoir s’entrouvrit
brusquement. Elle apparut complètement nue, durant un très court instant, mais
ce très court instant suffit pour que Pierre ressente dans tout le corps, comme
une violente décharge électrique. Certes chez un homme normal, voir subitement
une très jolie femme nue peut provoquer un choc, mais rien de comparable avec ce
que ressentit Pierre. Un désir violent, dont depuis deux ans il était
complètement sevré, le besoin d’aimer et d’être aimé, le gout du beau, toutes
ces sensations qu’il n’avait plus connues depuis de longs mois, se révélaient
simultanément en lui, avec une force énorme. Pendant que Madame Rieux rosissait
en s’excusant, Pierre titubait et palissait d’une façon tellement spectaculaire
que Roxane prit peur :
  - Vous vous sentez mal, Monsieur  Dulac ? Asseyez vous, je vais appeler un
médecin.
   Pierre fit non de la tête, puis parvint à parler
  - Non, non, c’est inutile, cela va aller…
     Il avait laissé sa tête se renverser vers l’arrière et gardait les yeux
clos
  - Je crois qu’il est plus prudent que j’appelle un médecin
    Sans ouvrir les yeux, Pierre répondit
  - Non non. C’est inutile. Si vous voulez bien me laisser quelques minutes, cela
va aller…Et je vous expliquerais… ;Il faudra que je vous explique….
  - Vous croyez  que je peux aller m’habiller ? Vous allez un peu mieux ?
  - Oui, je vous l’ai dit, ça va aller !. Quand vous reviendrez, ça ira…Excusez
moi…
    Roxane sortit toujours inquiète et il ne s’écoula pas plus de 10 minutes
avant qu’elle ne revienne, habillée et peignée.

  Pierre n’avait pas bougé. La tête toujours en arrière et les yeux fermés, ce
qui fit peur à Roxane
  - Ca ne va vraiment pas ? Voulez vous…
  - Si, ça va beaucoup mieux. Si vous voulez bien vous asseoir, je voudrais….j’ai
besoin de vous parler
  - Je vous écoute. Mais voulez vous boire quelque chose ?
- Non, merci asseyez vous.
   Roxane s’installa dans un fauteuil, et Pierre, les yeux toujours fermés
commença son récit.
  «  Il y a deux ans, j’étais parfaitement heureux. J’étais marié depuis 12 ans,
notre couple était très uni . Sur le plan matériel, j’étais chef de contentieux
dans une multinationale et…. nous avions un petit garçon de 11 ans….
       Pierre s’arréta un moment submergé par une profonde émotion
  ….Nous avions un petit garçon de 11 ans……. Un jour, l’un de ses copains, plus
agé, lui préta son cyclomoteur, et ( Pierre essuya une larme)….excusez
moi…..renversé par une auto, il décéda sur le coup.
  Pour moi,  le choc fut effroyable. J’adorais mon fils. Ma femme tout d’abord,
fut très touchée également, mais 15 jours plus tard, elle partait avec mon ami
d’enfance.Nous ne nous sommes plus revus. Ce nouveau coup du sort,je vous
l’avoue n’ajouta pas beaucoup à mon malheur, tant le décés de mon fils m’avait
amené aux limites du desespoir. Mais je me retrouvais subitement seul
  Quelques semaines plus tard, A la suite de deux erreurs commises dans
l’exercice de mes fonctions, j’ai été amené à donner ma démission. Tout ce qui
faisait ma raison de vivre disparaissait, s’écroulait…
    Vous pouvez penser dans quel état je me trouvais. Et puis, subitement, j’ai
décidé de réagir. Par un ami, j’ai pu entrer dans un service contentieux qui
offrait pour moi d’interessantes possibilités d’avenir. Malheureusement, j’ai eu
le malheur d’entrer en conflit avec le Directeur sur un dossier important.. Et
j’ai eu  le plus grand malheur encore d’avoir eu raison contre lui. Ma thèse
avait triomphé devant les tribunaux. Il ne me le pardonna pas, me rendit la vie
impossible, et je finis par donner ma démission.
    Réagissant une nouvelle fois, j’ai voulu avoir ma revanche sur le plan
professionnel, et c’est pourquoi, j’ai crée ma Société actuelle, qui marche très
convenablement.
    Mais tous ces évènements ont fait qu’une partie de moi-même était morte. Ma
sensibilité, mes capacités affectives étaient …anesthésiées. Je vivais pour mon
travail, sans passion d’ailleurs évidemment puisque j’étais incapable d’ avoir
des sentiments profonds…..
   Et puis….Il y a eu l’incident de tout à l’heure. Quand je vous ai vue…..Ce
fut pour moi un choc, un tourbillon, ou plus exactement un choc, une commotion
puis un déblocage . Madame, lorsque je vous ai vu, si belle si……oh excusez
moi…Mais il fallait que je parle..
   A ce moment, Pierre ouvrit les yeux et constata que Roxane pleurait
  - Ah, Madame, je constate que vous, vous  n’avez pas besoin de déblocage…tiens
je plaisante maintenant…A contre temps d’ailleurs…Excusez moi. Décidemment je
passe mon temps à m’excuser depuis que je vous connais, madame,
  - Mon prénom est Roxane, dit elle en souriant à travers ses larmes. Le récit
de vos épreuves m’a beaucoup émue
  - Mon prénom est Pierre.Et je constate que moi aussi désormais je peux être
ému. C’est un peu…comme une renaissance. Merci Roxane !..... Ou bien devrais je
dire, merci ma Mère ?
  - Je préfère Roxane !
  - Bon. Merci Roxane ! J’ai éprouvé le besoin irresistible de vous parler de
toutes mes épreuves. J’espère que vous n’en avez pas subi d’aussi difficiles à
surmonter. Peut être pouvez vous cependant me dévoiler un peu de votre passé
  - Dévoiler ? Vous avez des mots qui me font rougir ! Ma vie jusqu’à ce jour n’a
pas présenté de grands intérets.. Mon divorce n’a pas été aussi dramatique que
le votre. Je m’étais mariée à 22 ans avec un ami d’enfance……qui était et qui
reste un excellent ami, mais notre couple n’en fut jamais un. Nous étions des
copains de sexes différents… Il nous a fallu tout de même huit ans pour nous en
apercevoir. Ce fut le jour ou mon mari rencontra le véritable amour. Il est
marié, heureux, il a deux enfants. Nous continuons à nous voir lorsque je rentre
en France ( il est à Marseille, et c’est lui qui nous a parlé de vous comme
étant au top sur le plan professionnel)
  - J’aime bien votre ancien mari…Surtout parce qu’il ne l’est plus…
- Je ne vous connaissais par auparavant…. vous ne plaisantiez vraiment plus
depuis deux ans ?
  - Non, hélas ! Jamais depuis deux ans. Mais je sens que je vais me rattraper.
Rentrez vous souvent en France ?
  - Chaque annèe au mois de Juillet. Je viens dans une maison de famille que nous
avons prés de Marseille.
  - Donc, nous avons une chance de nous revoir dans cinq mois ?
  - Pourquoi pas ? Mais puisque vous partez ce soir, peut être faudrait il que
nous regardions ce dossier Total ?
      Pierre ne répondit pas tout de suite. Il semblait réfléchir et Roxane
respecta ses reflexions. Il finit par reprendre la parole
- Ce dossier, nous l’étudierons Lundi. J’ai décidé de prolonger un peu mon
séjour. Je suis venu au Cameroun et je n’ai pratiquement rien vu du
pays.Qu’avez-vous prévu pour ce week end ?
- Rien de spécial..Ah si j’ai une invitation à déjeuner chez des amis demain,
mais…ce n’est pas important.
- Donc vous pouvez remettre ce déjeuner à plus tard ?
  - Cela ne présente aucune difficulté.
  - Parfait. Pouvez vous me faire visiter un peu le pays, jusqu’à demain soir. Je
repartirai Lundi soir
   Après réflexion, Roxane proposa de prendre la route de N’gongsamba et de
pousser jusqu’à la station climatique de Dschang, sur les flancs du Mont
Cameroun.
    Pierre et Roxane déjeunèrent au restaurant de l’hotel des Cocotiers et
prirent la route, à travers le pays Bamiléké, jusqu’à Dschang. Après la chaleur
humide, étouffante de Douala, Dschang leur sembla un petit paradis. L’air y
était léger, la température agréable, et ils prirent deux chambres dans un hotel
simple, mais propre, et sans climatiseur parce que cet appareil est inutile à
cette altitude.
   Le lendemain, ils firent de longues promenades au milieu des caféiers, et
parlèrent parlèrent, jusqu’à ce que, le gosier sec, ils rentrèrent déjeuner à
l’hotel.
   Ils rentrèrent sur Douala dans l’après midi et se donnèrent rendez vous au
bureau le lendemain matin.
    Le lundi matin Pierre téléphona à l’aéroport et put avoir une place pour le
soir même. Il prévint son adjoint qu’il ne serait au bureau que dans la matinée
du lendemain, puis se rendit chez son client. Roxane était déjà là, et elle
avait prévenu que Pierre avait prolongé son séjour à Douala, jusqu’au soir.
    Après avoir étudié le dossier Total et donné son avis sur la façon dont ce
dossier devait être plaidé, il prit congé du Directeur et de Roxane et rentra à
l’hotel.
   Le bouleversement qui s’était produit en lui l’avant-veille, était encore
trop frais pour qu’il en prenne l’exacte mesure. Il sentait bien qu’il était
attiré par Roxane, mais ne savait pas s’il s’agissait  d’une simple
reconnaissance pour avoir débloqué ses sentiments engourdis, ou s’il y avait
quelque chose de plus sérieux.
    Le lendemain dans la matinée, il reprenait le cours quotidien de ses
occupations.
  Durant les mois qui suivirent, Pierre eut de nombreuses liaisons. Il se jetait
avec boulimie sur les plaisirs du sexe, comme s’il voulait rattraper le temps
perdu.
      Roxane lui téléphonait environ chaque semaine, toujours pour des raisons
professionnelles, mais qui manquaient souvent de crédibilité.
    Le mois de Juillet était arrivé, et un matin, une dame se présenta à la
secrétaire de Pierre en demandant à rencontrer le Directeur. C’était Roxane.
    Le soir même, Pierre amenait Roxane à son appartement…
   Lorsqu’il la vit nue, il se demanda pourquoi il avait ce corps aussi sublime.
Certes la jeune femme n’était pas désagréable à regarder, mais si au dessus de
l’équateur, la poitrine et le visage étaient  assez attirants, au sud de
l’équateur, les hanches étaient fortes avec un début de culotte de cheval et les
jambes étaient maigres, presque frèles. Bref, il ne comprenait pas le choc qu’il
avait subi en voyant ce corps. Il est probable que le moment était venu pour
qu’une renaissance se produise en lui.
    Lorsque Roxane repartit au Cameroun, Pierre reprit sa vie dissolue.
   Sa secrétaire, Mathilde,qui avait 28 ans quand il l’avait embauchée, avait
tout de suite été amoureuse de son patron. Pour Pierre, elle était simplement un
rouage de son affaire, et même lorsque ses sens se furent réveillés, il ne vit
toujours pas la femme qu’il y avait en Mathilde.
    Deux nouvelles annèes s’écoulèrent. Durant les deux mois de Juillet, par une
entente tacite, Roxane et Pierre cohabitaient comme un couple normal, puis elle
repartait à Douala, et ils se téléphonaient une ou deux fois par mois.
      Roxane était partie la veille après son troisième mois de juillet  passé
avec Pierre .Exceptionnellement Pierre vint au bureau à 8 heures 30, alors
qu’habituellement , après des nuits agitées, il ne venait jamais avant 9 heures.
   Il trouva Mathilde en pleurs. En le voyant, elle se leva brusquement murmura
«  excusez moi » et partit aux toilettes. Lorsqu’elle revint à son bureau, les
traces de son chagrin avaient été effacées, et elle s’excusa à nouveau. C’est
lorsqu’elle s’assit sur son fauteuil, qu’il constata combien Mathilde était une
femme admirablement faite. Pour la première fois, il vit en elle autre chose
qu’un instrument professionnel, et, s’asseyant sur le bord du bureau de sa
secrétaire, il lui demanda de lui confier la cause de son chagrin
     -Je pourrais être votre père, Mathilde, vous pouvez vous confier à moi.
Mathilde réagit brusquement
-Non, vous n’êtes pas et vous ne pourriez pas être mon père.Nous n’avons que
neuf ans et demie de différence.
   Cette précision sur leurs ages respectifs surprit Pierre, qui subitement
comprit la cause du chagrin de Mathilde.
   Après un moment de silence, et avec une voix douce, Pierre demanda
- Il y a longtemps que vous m’aimez, Mathilde ?
Surprise par cette question abrupte, Mathilde releva la tête et répondit
simplement
- Depuis le début, Monsieur.
- Bigre, cela fait 4 ans ! Vous avez bien caché votre jeu !
- Ce n’est pas un jeu, Monsieur, et je n’avais rien à cacher puisque vous ne
voyiez rien
         Pierre qui était resté assis sur le coin du bureau se redressa et
reprenant son ton de Directeur.
- Pouvez vous apporter dans mon bureau le dossier Dumas ?
En se levant, Mathilde répondit
- Tout de suite monsieur.
Quelques minutes plus tard, elle pénétrait dans le bureau de Pierre, un dossier
à la main.Pierre qui était assis derrière son bureau se leva, invita Mathilde à
s’asseoir dans l’un des deux fauteuils devant son bureau et s’ assit lui-même
dans le second fauteuil.
- Posez le dossier sur mon bureau. Ce n’était qu’un prétexte.. Je suppose que
vous connaissez parfaitement les grandes lignes de ce que fut ma vie. Alors par
souci de symétrie, j’aimerais que vous me parliez ce que fut la votre.
- Est-ce vraiment nécessaire, Monsieur ?
- Ni vous ni moi ne le savons. Mais prenons nos précautions dit Pierre en
souriant. Parlez moi de vous .
- Si vous le désirez……Bon. Je suis née à Marseille. Mon père maintenant à la
retraite, travaillait à la gare Saint Charles de Marseille. Ma mère ne
travaillait pas. J’ai un frère qui a deux ans de plus que moi.. Sur le plan
professionnel, vous avez mon dossier, il est donc inutile que je vous en parle.
      Sur le plan privé, j’avais à 22 ans fait connaissance d’un sergent des
Transmissions. Nous avons eu une liaison …..en pointillé durant 2 ans. Nous ne
nous sommes plus revus depuis 4 ans. Je sais qu’il est en République
Centrafricaine. Et puis, je suis rentré chez vous….et voilà
- Et voilà dites vous. Cela signifie qu’il vous suffisait de me voir chaque jour
pour combler vos besoins affectifs.
- Combler serait beaucoup dire…surtout que j’avais l’impression d’être une vitre
à travers vous voyiez les autres.
   Après un moment de silence, Pierre demanda
- Si vous êtes libre ce soir, nous pourrions diner ensemble ?
  - Il y a si longtemps que j’espérais ce moment sans trop y croire, que même si
j’étais invitée chez le Président de la République, je me décommanderais
  - Vous me faites regretté de ne pas m’être présenté à l’élection
Présidentielle. J’avais mes chances . Bon. Comment venez vous au bureau ?
  - A pied. Je n’habite pas très loin
  -He bien pour une fois, vous allez rentrer en voiture. Nous partirons d’ici à
18 heures, je vous conduirai chez vous, ce qui me permettra de repérer votre
domicile, et je reviendrai vous y prendre à 20 heures. D’accord ?
- Tout à fait. Bien sur
   Mathilde sortit du bureau, et Pierre reprit l’étude d’un dossier.
  Vers 17 heures, Mathilde lui passa une communication en provenance de Douala.
  Il était dit que cette journée serait une journée marquante pour Pierre. Il
venait de découvrir une femme qui vivait à ses cotés depuis 4 ans, sans qu’il la
considère comme telle, et maintenant, Roxane lui téléphonait, pour d’une façon
abrupte, lui faire une proposition
  - Bonjour, Pierre. Et si nous nous mariions ?
  - Pardon ?
  - Tu as parfaitement compris. Je dis : Et si nous nous mariions ?
  - Non !!
  - Parfait !
    Et elle raccrocha.
    Bien embété, Pierre finit par rappeler Roxane.
  - Mais enfin, à quoi rime cette proposition ?
  - C’est très simple. Je t’aime. Tu m’as répondu que ce n’était pas ton cas.
Restons en là !
  Après avoir raccroché, Pierre pensa que la vie était décidemment une drôle de
chose.
   Roxane et lui se connaissaient depuis prés de 4 ans et c’est aujourd’hui
qu’elle réalise qu’elle l’aime.
   Lui était en contact chaque jours avec Mathilde depuis 4 ans et c’est
également aujourd’hui qu’il réalise qu’elle l’aime, et que lui….
   Mais au fait l’aimait t il lui ?

   Il est incontestable que se savoir aimé par une  jolie femme beaucoup plus
jeune est très agréable….Mais est ce de l’amour ?
  Deux femmes qui le même jour déclarent leur amour pour lui, c’est grisant.
Raison de plus pour ne pas agir inconsidérement.
   La soirée passée avec Mathilde fut très agréable. Mais des soirées analogues,
il en avait vécu pas mal depuis que Roxane, un beau jour, avait déclanché un
déclic. Il fut prudent dans ses propos, et après avoir raccompagné Mathilde chez
elle, avant de la quitter, il lui dit qu’il avait besoin d’un peu de temps pour
voir clair en lui.
    Les jours passèrent. Le directeur et la secrétaire n’abordèrent pas les
problèmes personnels. Les rapports étaient purement professionnels..
    Espérant y voir plus clair en lui, Pierre décida de se rendre au Cameroun
pour rencontrer une fois encore Roxane, à laquelle, malgré ce qu’il lui avait
dit, il continuait à penser.
    Il n’avait pas prévenu Roxane de sa venue.
    Arrivé à Douala dans la matinée d’un samedi, il dormit un peu dans sa
chambre d’hôtel, alla déjeuné, puis décida de se rendre chez Roxane, qui ne
devait pas travailler.
   Ce n’est qu’à la quatrième sonnerie qu’elle vint lui ouvrir. Comme la
première fois, elle sortait de la douche. Ses cheveux étaient trempés et elle
avait enfilé à la hâte son peignoir de bain qu’elle maintenait fermée de la main
droite.
   Lorsqu’elle vit Pierre sur le pas de la porte, elle s’écria
- Toi ???
Et de saisissement, elle lacha son peignoir qui s’entrouvrit…tout comme la
première fois.
   En voyant ce corps nu, il sentit qu’un ouragan se déchainait en lui. Il la
prit violemment dans ses bras, et c’est à son insu qu’il prononça les mots qu’il
ne savait s’il pourrait les dire un jour : je t’aime.
    Par deux fois, un peignoir qui s’ouvrait, cela avait été un peu comme le
rideau qui se levait et qui l’avait propulsé dans un monde nouveau.
    La première fois, le rideau en s’ouvrant lui avait restitué sa sensibilité,
sa libido, et à la suite de cela, comme pour rattraper le temps perdu il avait
mené une vie tourbillonnante, mais superficielle. Luttant contre son attirance
vers Roxane, il en était arrivé à se la représenter beaucoup moins belle qu’elle
ne  l’était réellement. Ne pas s’attacher, ne pas s’attacher, surtout ne pas
s’attacher. Inconsciemment il agissait comme si son besoin de revivre
intensément était la priorité.
    Cette fois ci, la levée du rideau lui faisait apparaître d’une façon nette,
très claire, que le moment était venu pour lui de vivre en profondeur un amour
qu’à son insu il nourrissait pour Roxane
   Deux heures plus tard, le corps apaisé et l’esprit très clair, il savait
maintenant qu’il avait trouvé ce qu’il voulait savoir.
   Lorsqu’il reprit l’avion, Dimanche soir, ils avaient pris la décision de se
marier très vite.
  Le lendemain, au bureau, avec le maximum de délicatesse, Pierre prévint
Mathilde qu’il ne pouvait envisager son avenir avec elle. Elle pleura beaucoup,
et en fin de semaine vint lui apporter sa démission
- Je ne peux continuer à travailler ici, en sachant que vous ne m’aimerez
jamais.
De son coté, Roxane avait donné sa démission et entra comme associée et
collaboratrice dans le cabinet de Pierre.
Le mariage eut lieu hier matin. Souhaitons leur une longue et heureuse vie;
   
Je suis Jacques. L’ami de Pierre. Celui qui lui a procuré un premier
travail après qu’il a été contraint de donner sa démission de chef de
Contentieux.
     C’est hier après midi, avant de partir en voyage de noces qu’il me raconta
dans tous ses détails son histoire peu commune, et il m’a autorisé à vous la
relater.Plus qu’autorisé, il me l’a demandé. Il voudrait que cela puisse servir
à ceux qui traversent en ce moment des moments difficiles. Il voudrait qu’ils
sachent que même si la vie a été dure avec eux, même s’ils pensent qu’ils ne
pourront jamais remonter la pente, il y aura peut être un jour, un moment  d’une
puissance inouïe,un instant d’exception qui leur ouvrira des horizons nouveaux
porteurs d’espérances et de bonheur.
    La Vie a des ressorts insoupçonnés. Ne perdez jamais courage.Telle est la
leçon que Pierre veut vous transmettre.

                                                            FIN

6 mai 2007

LA HAINITUDE

 PERSONNAGES

 Marc Gendre jeune étudiant

 Rémi Vallet jeune étudiant

 Madame Gendre, mère de Marc

 Monsieur gendre, père de Marc

 Madame Vallet mère de Rémi

 Monsieur Vallet père de Rémi

 

 

 

 Le rideau se lève sur un grand studio. Il est occupé par deux étudiants qui au premier coup d’œil sont, à l’évidence, très différents.

 A droite, un lit. Il est défait, les couvertures trainent par terre, une petite armoire dont les portes ouvrtes font voir des vétements suspendus à la «  décrochez moi ça » . Sur une chaise, du linge sale et vers le centre de la scène, un bureau surchargé de livres, de papiers, en désordre.

 A gauche de la scène, les mêmes meubles, mais tous est dans un ordre méticuleux.Le lit est fait, l’armoire fermée,. Rien ne traine sur la chaise, et sur le bureau il n’y a qu’un sous main un porte crayons contenant divers stylos et une pile de 3 ou quatre livres..

 La scène est vide au moment ou le rideau se lève, et, très vite, par la gauche, entre Marc. Il est jeune, très BCBG, pénètre dans sa partie du studio et aperçoit la pagaïe dans la partie occupée par son copain

 MARC

 Mais ce n’est pas possible de vivre dans ce désordre. C’est un chic type Rémi, mais, là, vraiment….regardez moi ça ! le lit n’est pas fait, son linge traine partout, quand à son bureau….je me demande comment il arrive à s’y retrouver.

 ( Rémi entre par la même porte. Il entend les derniers mots de Marc

 REMI

 Ne te fais pas de mauvais sang pour moi ! je m’y retrouve très bien ! Chacun a sa façon de vivre. Tu vois, en ce qui me concerne, je ne pourrais pas vivre dans une ambiance aseptisée, froide…..( Il fait voir son domaine d’une large cercle de son bras droit) Lorsque l’on voit mon petit coin, on sait qu’il est habité ! ( Il se retourne vers son copain et fait voir le domaine de ce dernier) Tandis que «  chez toi », on a l’impression d’être dans un musée.

 MARC

 Pourquoi un musée ? Il n’y a pas de vieilles choses chez moi. Il y a de l’ordre, c’est tout à fait différent !

 REMI

 Bon, bon, ça va ! on ne va pas se disputer. Sur ce plan, nous ne nous mettrons jamais d’accord.

 MARC

 Tu as raison : On ne va pas se disputer. Mais je ne te le cache pas : Ca me gène de voir cette pagaïe, ce désordre…..et puis, ça doit être plein de microbes.. ;

 REMI

 Alors, là, je t’arrète ! Je veux bien être un peu désordre, mais je me lave, je suis propre !

 MARC

 Toi, oui, tu es propre, mais….Bon ! tu as raison, nous n’allons pas nous disputer

 REMI

 Ecoute ! si mon désordre offense ta vue, ce que nous pouvons faire c’est mettre un rideau pour séparer nos deux domaines.

 MARC

 Merci ! Oui, c’est une bonne idée ! comme ça chacun sera chez soi. Nous n’avons qu’un seul loyer et nous serons comme indépendants. ‘( une pause).

 REMI

 Bon. Je vais travailler un peu ( il va s’asseoir devant son bureau saisit un livre et prend des notes)

 MARC

 Je vais en faire autant ! ( il va également s’asseoir devant son bureau, mais au lieu de travailler, il reste la tête en l’air, comme s’il révassait. Au bout d’un instant..)

 Tu es content de ton boulot chez Leclerc ?

  REMI (sans lever la tête, et continuant à travailler)

 Oui. Ca va, Merci, merci ( Un temps, puis il lève la tête et regarde Marc)

 Tu as envie de travailler aussi.

 MARC

 Oh, non !!!Pas question ! Tu es fou !Pourquoi j’irais travailler ?

 REMI

 C’est vrai que tu as de la chance. Tes parents payent ta part de location et te donnent une mensualité

 MARC

 Oui, j’ai plus de chance que toi. Il faut que tu te débrouilles tout seul. Mais cela n’empèche pas…….

 REMI

Cela n’empèche pas quoi ?

 MARC ( hésitant)

 Je parie que tu n’as pas de dettes !

 REMI

 Ben, non ! je n’ai pas de dette. Je fais attention

 MARC

 Faire attention ! faire attention ! Moi aussi j’ai fait attention, et pourtant..

 REMI

 Et pourtant quoi ? Si tu veux me dire quelque chose, dis le !

 MARC ( de plus en plus ennuyé)

 Remarque, je n’ai qu’une dette…mais il faut que je la règle avant demain.

 REMI

 Tu as acheté quelques chose ?

 MARC

 Non. Je n’ai rien acheté. C’est une dette de jeu.

 REMI
 Tu joues, toi ? Mais tu es idiot !!

 MARC

 C’est idiot quand on perd, mais quand on gagne ! Hein ?? ( un temps) Tu as un peu d’argent de coté ?

 REMI

 Un peu, mais pas grand-chose. Je ne gagne pas des fortunes chez Leclerc, alors avec le loyer, les livres et la bouffe…..Tu dois combien ?

 MARC

 3000 Euros !

 REMI

 3000 Euros ? Mais tu es fou de jouer des sommes pareilles ! je ne peux pas t’aider. Comment vas-tu faire ?

 MARC

 Oh, si je voyais ma mère seule ce ne serait pas un problème ! Mais mon père et ma mère vont venir ensemble, et si je demande 3000 euros à mon père…Hou là là !!!Il parlerait de me couper les vivres. Remarque, il ne le ferait pas, mais c’est pour dire…

 ( un moment se silence)

 MARC

 Mais j’y pense, tu pourrais m’aider.

 REMI

 Je te l’ai dit : je suis loin d’avoir 3000 euros…

 MARC

 Ce n’est pas ce que je te demande. Quand mes parents viendront, il faudra absolument que je voie ma mère seule. Pourrais tu occuper mon père. ? Tiens ! j’ai une idée : Tu fais ton droit, et mon père est licencié en droit. Vous pourriez parler de ça, non ?

 REMI

 Je veux bien essayer. Mais quand même, je serais surpris si ta mère t’allongeait 3000 euros, comme ça, sans explication..

 MARC

 Oh, mais ma mère m’aime bien….

 REMI

 La mienne aussi, mais tout de même…..

 MARC

 Ne te casse pas la tête. J’en fais mon affaire. Dis donc, si ça ne te fait rien, nous allons mettre un peu d’ordre chez toi. Il faut que tu fasses une bonne impression à mon père.

 Les deux amis font le lit, debarassent la chaise, ferment les portes de l’armoire, et mettent un semblant d’ordre sur le bureau

  ( A suivre)
http://abeilles.apiculture.free.fr/

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