LA MENTEUSE ( FIN)

 JACQUES ( très interessé)

 Alors ?

 RIRETTE

 Elle venait d’avoir sa mère au téléphone.

 JACQUES

 Et Alors ? Tu le fais exprés ? Il faut te tirer les vers du nez ? Henriette a-t-elle fourni des explications ?

 RIRETTE

 Mais ne t’énerve pas, Papa…toi aussi. Non, la mère de Roxane n’a rien dit de spécial..Sinon, qu’elle demandait à sa fille de descendre dans le Vaucluse, pour qu’elles puissent discuter

 JACQUES ( répétant bètement)

 Pour qu’elles puissent discuter ?

 RIRETTE

 Ben oui. Tu n’as pas oublié qu’il y a quelques problèmes ?

 JACQUES

 Non, bien sur

 RIRETTE

 Et en fin de compte, après discussions, c’est la mère qui monte

 JACQUES

 Henriette va venir à Lyon ?

 RIRETTE

 Non seulement à Lyon, mais ici.

 JACQUES

 Ici ? A la maison ?

 RIRETTE

 Oui, ici à la maison. Je crois bien que c’est Noel qui a suggéré cette solution. Il estime qu’une explication ne peut être fructueuse que si toutes les parties sont présentes. Si l’on veut dissiper les malentendus, établir les mensonges, il faut que chacun écoute ce que disent les autres. Moi je pense qu’il a raison mon frère ! Il est drolement intelligent !

 JACQUES

 C’est vrai que ton frère est très mature….Et…quand doit avoir lieu cette explication générale ?

 RIRETTE

 Madame Buchaud arrive au début de l’après midi, demain. Noel et Roxane vont l’attendre à la gare, et ils viendront directement ici.

 JACQUES

 Bon. Il n’y a qu’à attendre. Je vais prévenir ta mère, mais là, je m’attends à des difficultés

 RIRETTE

 Pourtant, tout le monde a intérêt à ce que les choses s’éclaircissent….

 JACQUES

 Oui. C’est

la Raison

qui veut cela. Mais ta mère…..enfin, nous verrons bien

 Jacques et Rirette sortent de scène pendant que le rideau tombe

 Le rideau se lève sur le même décor.

 Sont en scène, Jacques, Béatrice, et Rirette. L’ambiance est morose. Personne ne parle.On entend des voix dans le couloir d’entrée, et par la porte du fond, entrent, Noel, Henriette et Roxane.

 HENRIETTE ( très décontractée)

 Bonjour tout le monde ( s’adressant à Jacques) Oh, mais tu n’as pas changé du tout !

 JACQUES

 C’est la phrase obligatoire. C’est un mensonge poli. Malheureusement, j’ai beaucoup vieilli, ne serait ce que ces derniers jours.

 ROXANE

 A propos de mensonge, pourquoi, Maman, m’as-tu dit que tu étais en Angleterre ?

 HENRIETTE

 Mais j’étais en Angleterre. J’ai pu terminer très vite et rentrer à Valréas.

 ROXANE

 Mais alors, tu savais que j’étais chez Papie et Mamie, pourquoi ne m’as-tu pas dit que tu étais rentrée.

 HENRIETTE

 Pourquoi ? Pourquoi ? pourquoi ? Tu commences à me fatiguer ma fille !

 NOEL

 Pourquoi, Madame, m’avez-vous dit que Roxane était la fille de mon père ?

 HENRIETTE

 Mais je n’ai jamais dit ça !

 NOEL

 Si. Vous m’avez dit que vous étiez enceinte et qu’au dernier moment, vous n’avez pas voulu faire une IVG

 HENRIETTE

 J’ai dit ça, moi ?

 NOEL

 Oui ! vous l’avez dit !

 (Un long moment de silence)

 HENRIETTE

 Oh et puis zut, zut et zut ! Je vais tout vous dire

 ROXANE

 Oh oui, Maman !! Dis nous la vérité !

 HENRIETTE

 Bon. Quand Jacques a été nommé en Bretagne, j’ai été très malheureuse. Je lui ai écrit que j’étais enceinte, et je suis monté à Paris me reposer chez des amis. Bien sur, je n’étais pas enceinte, et j’ai voulu couper avec le passé, et mettre un obstacle définitif entre nous. J’ai fait écrire par mon amie que j’étais morte au cours de l’IVG.

 Je ne vous cache pas, qu’après avoir dit que j’étais enceinte….j’ai eu très envie d’avoir un bébé «  pour de vrai ». J’ai rencontré un homme qui s’appelait Jean Louis Carrier Très vite, je me suis trouvée enceinte. J’ai alors passé une sorte de contrat avec cet homme : Je le déchargeais de toutes ses responsabilités paternelles. Je ne lui demandais qu’une chose : Qu’à la naissance, il vienne pour faire la déclaration de naissance et reconnaître l’enfant. Après, je ne voulais plus le voir.

 ROXANE

 Tu m’avais dit qu’il était mort quand j’avais deux ans

 HENRIETTE

 Il n’a jamais vécu avec nous, mais j’ai préféré te dire le contraire. D’ailleurs, je sais qu’ il est mort il y a deux ou trois ans.

 ROXANE

 Mais pourquoi tous ces mensonges ? Pourquoi, avoir pris contact avec Noel, et pourquoi venir aujourd’hui nous dire la vérité

 HENRIETTE

 Tu es vraiment pénible avec tes «  pourquoi » !! Lorsque j’ai su que tu avais fait la connaissance de la fille de Jacques, j’ai voulu le revoir.Je le voulais absolument En laissant entendre que tu étais sa fille, j’ étais certaine de revoir Jacques. C’est un homme de devoir.. Tu le constates, je suis arrivée à mes fins : j’ai revu Jacques. Mon but étant atteint, je n’ai vu aucun inconvenient à dire toute la vérité !

 BEATRICE

 Je ne vous cache pas, Madame, que j’ai été très jalouse de vous. Je dois vous dire, que maintenant, alors que je vous connais, je ne suis plus jalouse, je vous plains !!

 HENRIETTE

 Holà, holà, je ne vous permets pas…

 ROXANE

 Maman, j’ai honte ! Viens, nous partons !

 HENRIETTE ( en riant)

 D’accord ! Nous allons partir. Mais qui vous dit que je vous ai dit la vérité en dernier lieu ?? Hein ? Je vous laisse là-dessus !Adieu Jacques. Mais très franchement, je dois te dire, tu as pas mal vieilli !!!

 JACQUES

 Si c’est toi qui me le dis » franchement », alors, le doute m’est permis !!

 (Henriette sort, suivie par Roxane, honteuse)

 NOEL

 Excusez moi, mais je ne peux laisser Roxane seule avec cette….avec sa mère..

 Il sort à son tour

 RIRETTE

 Et voilà. Papa, elle a dit adieu. Alors maintenant tu vas pouvoir m’appeler Henriette ? Et toi aussi Maman plus d’inconvénient ?

 BEATRICE ( souriante)

 C'est-à-dire……j’ai surtout peur que tu lui ressembles

 JACQUES

 Oh, non. Je suis sûre que notre Henriette n’a pas l’esprit tordu.

 RIRETTE

 Moi, je ne risque rien. Le prénom, cela ne veut rien dire. Ce qui est plus embétant, c’est pour Roxane. Elle, elle est sa fille. Pourvu qu’elle ne lui ressemble pas ! Noel serait trop malheureux

 JACQUES

 Ha ? Parce que ton frère, et Roxane…

 RIRETTE

 Oh Papa ! Contrairement à ce que disait la femme qui vient de partir, tu es vraiment jeune, très jeune, trop jeune.

 Jacques, Béatrice et Rirette s’embrassent pendant que le rideau tombe.
                                                        FIN