Le TROC CONJUGAL ( 7)
Pendant un certain temps, Maurice seul en
scène se restaure. On entend une porte qui s'ouvre et entre Jean. Il s'arrète sur le seuil, interloqué. Bien
sur, Maurice est trés géné.
- Jean
Ah par exemple!
- Maurice.
Je vais t'expliquer...
- Jean amusé.
Non mon vieux. Tu n'as rien a m'expliquer. Je
comprends trés bien. J'ai dégusté pendant 3 ans la cuisine de Colette,
alors....
- Maurice, toujours géné.
Tu comprends...
- Jean.
Mais puisque je te dis que je te
comprends.Permets moi seulement de te faire remarquer, qu'il n'y a pas si
longtemps, lorsque je me plaignais de l'infecte nourriture préparée par
Colette, tu me disais, avec l'air détaché du grand sentimental se sustentant
d'eau fraiche" Peuh! Tout cela n'est pas grave"Alors tu changes
d'avis?
- Maurice.
Mais non, mais non. il est certain que la
table...il prend un air " trés au desus de tout ça"la table compte
bien sur, mais c'est au fond peu de chose comparativement..tiens par exemple,
au lit...
- Jean.
Ca c'est une question de point de vue. Moi je
préfère une bonne table a un lit bien garni
- Maurice
Moi c'est l'inverse
- Jean.
En attendant, je te trouve ici.....mais dis
donc, tu es un salaud!
- Maurice.
Moi? Pourquoi?
- Jean.
un beau salaud! Tu gagnes sur tous les
tableaux. Tu couches avec Colette et tu manges chez Solange.
- Maurice.
Ben...
- Jean.
Ben, ben ben..c'est facile!Il serait normal
que de mon coté....
- Maurice.
- Et bien c'est entendu, viens manger chez
Colette....
Jean, faisant trainer la derière syllabe; Le
Salaud OOOOOO!!!!!!
Ils se regardeent un moment en silence.
- Maurice.
Si je comprends bien, tu voudrais spécialiser
nos femmes. Que Solange s'occupe de la table....
- Jean
- Oui, et qu'avec Colette nous formions ....une
coopérative litière
Il est tout heureux de son bon mot
Maurice, songeur.
Oui...oui...hé bien non. Non. Là tu vas trop
loin
Entre Solange
- Solange.
- Tiens? vous êtes ensemble ( elle
apporte une bouteille de vin qu'elle pose devant Maurice)
Elle s'adresse à Jean. Le pauvre Maurice a le
foie délicat, et le changement de cuisine,chez Colette, l'a complètement
déréglé. On voit d'ailleurs qu'il n'est pas bien. N'est ce pas Jean?
Maurice, essayant de prendre un air
avantageux.
Le surmenage sans doute.
Jean.
Le surmenage? Cela n'a rien d'étonnant. Tu vis
dans deux menages a la fois!!!!
- Maurice, lugubre.
Oh que c'est drole!
- Jean ,
aussi lugubre.
Alors, ris!
-
Maurice, même jeu.
C'est ce que je fais Hi Hi Hi!!
- Solange.
Je vous verrais bien en culottes
courtes avec seaux et pelles a sable....
- Maurice.
Et toi en vieille institutrice, revèche,
acariatre et ..( il cherche un mot méchant)
- Solange?
Et quoi?
-Maurice, se déridant.
Et....adorable quand même!
- Jean.
Bon. Et maintenant il la baratine. Colette ne
te suffit plus, satyre!!
- Solange.
- La reconnaissance du ventre, c'est tout.
Un silence
Jean.
Somme toute, elle est interessante notre
expérience
- Maurice.
Et instructive.*
- Solange.
Ah? Et quel enseignement en tirez
vous?
- Maurice ,hésitant
. Eh bien euh....
- Jean venant a son secours.
Hé bien en premier lieu, vous êtes un
excellent cordon bleu.
-Solange.
Mais enfin, vous le saviez déjà, en tous cas,
vous me le disiez avant cette" expérience" comme vous dites.
- Jean.
Oui mais je ne profitais de vos talents que
rarement.
- Solange.
Les qualités que vous me prétez n'en
existaient pas moins.
- Jean.
Bien, bien sur. Mais c'est tellement mieux
comme ça. Je veux dire, que Maurice et moi profitions de votre art..
- Solange.
Ah? Parceque vous voudriez institutionnaliser
ce qui vient de se passer?
- Jean
Voilà!!!
- Maurice,
géné.
- Enfin, nous t'en parlons comme ça...
Solange aprés un moment de silence :
Vous vous fichez de moi?
Jean et Maurice.
Mais non, mais non....
- Solange.
Vous me dégoutez. Vous êtes deux soudards égoistes.
Vous voulez me ...cantonner...dans un role de cantinière.....Et Colette, dans
tout ça, elle assurera le repos du guerrier?
- Jean.
Avouez Solange, que vous n'auriez pas la plus
mauvaise part. Pour suivre votre comparaison, Colette serait le B.M.C.
- Colette.
Qu'est ce que c'est le BMC?
- Jean.
Le bordel militaire de campagne
- Solange.
Vous êtes abject, Jean. Vos plaisanteries sont
de plus en plus exécrables. Car il s'agit bien d'une plaisanterie, Maurice?
- Maurice, piteux.
Evidemment, Evidemment!
- Solange,
le regardant longement.
- Je n'en suis pas si sure....
Le rideau tombe
( A suivre)