SAFARI
SAFARI
Comme
j'ai écrit quelques fantaisies, je me dois de préciser que cette anecdote,
comme toutes celles qui concernent mes souvenirs d'Afrique, sont absolument
authentiques
Je venais d'arriver a Addis Abbeba,.
Notre Agent me dit aussitôt: »J'ai
organisé un Safari en votre honneur la semaine prochaine. Nous partirons 3
jours. »
J'étais en tournée d'Inspection, et non pour
faire du tourisme, mais bon, notre Agent avait du se donner du mal pour
organiser ce Safari...En fait, je l'ai su par la suite, il avait surtout
profité de mon passage pour se livrer à son passe temps favori.....
A l'époque, ma position vis a vis de la
chasse était neutre. Ni pour, ni contre.
Le jour prévu, nous sommes partis. Nous
étions 6 dans 2 jeeps, bourrées de matériel de campement.
Nous roulions sur une piste depuis moins
d'une heure. Nous étions dans la steppe, sur les Hauts plateaux ( Addis Abbeba
est à 2500 mètres), lorsque sur un petit monticule, nous avons vu un animal
perché, qui se découpait sur un fond de ciel bleu.
Mon Agent me dit: " C'est un chamois,
et c'est un male"
Comme je le félicitais pour son acuité
visuelle qui lui permettait de reconnaître le sexe d'un animal a plus de 200
mètres, il me répondit: " Oh ce n'est pas difficile. Seuls les mâles se
perchent. Nous allons faire a pied la marche d'approche"
Arrivés a distance de tir, mon agent me
proposa de tirer. Cela ne me disait vraiment rien du tout, la bête était magnifique,
et je déclinais son offre.
Il en fut heureux et tira presqu'aussitot.
L'animal tomba.
En arrivant au pied du petit piton, un
chamois était là, mort, mais tout a coté , un petit chamois qui venait de naître, a la suite du choc de la
chute, gigotait frénétiquement.
Notre agent me voyant assez remué me dit:
" N'ayez aucune inquiétude, d'autres chamois viendront et s'occuperont de
lui. Il sera sauvé."
Vous pensez si j'étais rassuré! Aprés ses
certitudes sur le sexe de l'animal, ma confiance, dans les connaissances de
notre agent- Nemrod, avait été sérieusement ébranlée. Et ce fut de cette minute
précise que date mon dégoût pour la chasse.
Le Safari continua cependant et me donna au
moins l'occasion de faire une rencontre assez exceptionnelle.
C'était au soir du 2ème jour. Nous avions
installé notre campement. La nuit venait de tomber, lorsque nous avons vu de
trés loin des phares de 2 véhicules qui sans doute attirés par nos lumières se
dirigeaient vers nous.
Une jeep et un camion GMC arrivèrent et
j'eus l'immense plaisir de constater qu'il s'agissait de Français. Rencontrer
des compatriotes dans un quasi désert Ethiopien, quel plaisir!!!
Ils étaient 6. C'était une équipe de
chasseurs de crocodiles. Durant la soirée, ils nous expliquèrent comment ils
procédaient.
Ils chassaient de nuit, dans les marigots et
rivières. Ils possédaient 3 barques a moteurs électriques et formaient 3
équipes de 2.
Arrivés sur le lieu de chasse, il mettaient
les embarcations à l'eau. A l'avant, se tenait le tireur. Muni d'une lampe
frontale très puissante et bien sur de son fusil. A l'arrière, le plongeur, en
maillot de bains, tenait le gouvernail et prés de lui un filin métallique dont
un bout était fixé à la barque et l'autre bout formait un noeud coulant.
Lorsque le tireur voyait des crocodiles, il
essayait d'en éblouir un en prenant les 2 yeux dans son faisceau lumineux.
Alors, très vite il tirait, et s'il pensait avoir fait mouche, il criait"
Va!. " Et le plongeur plongeait le filin a la main nageait vers le
crocodile et passait le noeud coulant dans sa gueule pour qu'il ne coule pas.
Il faut avoir vu, de jour, les eaux de
marigots, peuplés d'un tas de bestioles antipathiques, au point qu'on n'ose
même pas y tremper le bout des doigts, pour mesurer le courage extraordinaire
qu'il fallait pour se jeter la nuit, dans
ce milieu hostile, a la rencontre d'un crocodile, en principe mort, mais....
Quelle confiance il fallait avoir dans son tireur!
Il faut savoir que dans un crocodile, il n'y
a que quelques décimètres carrés sous le ventre qui peuvent être utilisés pour
fabriquer les sacs et les chaussures de vous mesdames ( enfin certaines, pas
les écolos bien sur) Le crocodile était donc amené le long de la barque, la
partie de peau utile était prélevée, et la chasse reprenait.
Depuis deux jours j'étais complètement dégoûté de la chasse, je l'étais toujours mais comment ne pas admirer le courage de ces jeunes athlètes qui prenaient des risques insensés..